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Zone blanche,
      Saison 1,      2017 
 
de : Mathieu  Missoffe, 
 
avec : Suliane Brahim, Hubert Delattre, Laurent Capelluto, Samuel Jouy, Camille Aguilar, Olivier Bonjour,
 
Musique : Frédéric Kooshmanian, Thomas Couzinier


 
Saison 2   

 
Ne pas lire avant d'avoir vu la série

 
Le petit village de Villefranche est entouré de massifs forestiers à perte de vue. C'est une zone blanche, car aucun réseau ne peut y être capté. Le cadavre d'une jeune femme, Sandra Chevrier, est découvert pendu à un arbre. Cinq ans plus tôt, elle avait déposé une plainte pour viol, classée sans suite. Son supposé agresseur avait tenté de se suicider et se trouve depuis des années dans un état végétatif. Pendant ce temps, un bébé est kidnappé dans une maternité, retrouvé dans un carton au milieu de la forêt, puis rekidnappé. La major Laurène Weiss (Suliane Brahim),responsable de la police locale, voit arriver le procureur Franck Siriani (Laurent Capelluto), intrigué par le nombre impressionnant de crimes qui ont lieu à Villefranche...
  
 Le moins qu'on puisse dire, c'est que ça commence fort avec la découverte d'un cadavre pas très joli à voir. Mais ce n'est rien à côté de ce qui va suivre. Si le scénariste créateur a décidé de battre le record du plus grand nombre de drames et de rebondissements possibles par épisode, il ne doit pas être loin du podium. Les deux premiers sont remplis jusqu'à la gueule, avec, cerise sur le gâteau si l'on peut dire, une hypertension générale proprement épuisante. Les corbeaux sont stressés, les chiens sont stressés, les personnages sont stressés, et la musique elle-même est stressante et angoissante, même lorsqu'il n'y a aucune raison narrative. On peut comprendre qu'il y ait de quoi, car la plupart des protagonistes ont sur le dos un karma qui pèse des tonnes. Laurène a été enlevée dans sa jeunesse et a maintenant des visions ; la fille du maire s'est volatilisée depuis plusieurs mois ; un bébé a disparu, est récupéré dans la forêt, puis kidnappé à nouveau ; un homme a perdu sa femme et son enfant parce que le médecin a raté son diagnostic ; un autre est dans un semi coma depuis cinq ans ; le frère de la jeune fille morte est complètement à la masse ; quant au procureur, il est allergique à tout et risque à chaque seconde de clamser s'il n'a pas sa piqure d'anti histaminique ou d'adrénaline. Enfin, pour couronner le tout, le maire Bertrand Steiner (Samuel Jouy) a décidé de fermer sa scierie, ce qui met en fureur ses ouvriers.

 S'il y a des séries qui manquent de matière dramatique, nous sommes ici dans une overdose qui frôle même parfois le grotesque. Et il ne s'agit que des deux premiers épisodes avec un cumul d'évènements qui pourrait largement en alimenter le quintuple. Heureusement que le procureur apporte son calme pince sans rire à la Maigret et son élocution lente, au sein de cet asile d'excités en tous genres. En fait, tout cela n'est que le début du commencement. S'ajoutent ensuite une forêt hantée, un gouffre aux effets hallucinogènes, des menaces en tous genres de la part de politiciens véreux, des exactions, un nouveau kidnapping... Bref, la liste est interminable et épuisante, car, le mystère de la forêt hantée ne suffisant plus pour meubler huit épisodes de presque une heure, le scénario convoque tous les tarés de la région. Et Dieu sait s'il y en a. Des truands, des maîtres chanteurs, des sadiques, des amants enragés, des activistes violents...  Il y a dans ce petit village perdu au milieu de la forêt une faune criminelle qui rivalise largement avec celle d'une mégalopole. Par moments, ça en devient presque risible, car, à chaque cadavre découvert, on se demande quel genre de dégénéré va nous être présenté. Avec, en plus, certains acteurs qui n'articulent pas. Reconnaissons tout de même que, sur le nombre invraisemblable de scènes macabres et de tueurs en tous genres, il y a tout de même certains moments qui distillent une sourde angoisse et ont un pouvoir flippant efficace. Et puis on a quand même la malsaine envie de connaître le fin mot de tous ces mystères. Comme on pouvait s'y attendre, le huitième épisode s'arrête sur un rebondissement majeur, obligeant à plonger dans une suite qu'on espère moins too much.

 Il est intéressant que l'histoire soit fondée sur le pouvoir de la nature et sa corrélation avec l'humain. Mais franchement, quand l'overdose narrative est dépassée à ce point, le rire finit par tuer le suspense et l'adhésion à un récit aux boursouflures pathologiques.   
   
Bernard Sellier