Les 12 Salopards, film de Robert Aldrich, commentaire

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Les 12 salopards,
     (The dirty dozen),     1967, 
 
de : Robert  Aldrich, 
 
  avec : Lee Marvin, Robert Ryan, Ernest Borgnine, Charles Bronson, Jim Brown, John Cassavetes, Telly Savalas, Donald Sutherland, Trini Lopez, George Kennedy,
 
Musique : Frank De Vol

  Le Capitaine John Reiseman (Lee Marvin) est un officier efficace, mais mal noté pour cause d'insubordination fréquente. A la veille du débarquement des Alliés en 1944, il reçoit une mission pour le moins étrange : recruter une douzaine de condamnés à mort, les former et effectuer une périlleuse mission en France : s'infiltrer dans un château soigneusement gardé où de nombreux officiers supérieurs allemands se rendent fréquemment pour se reposer, et en tuer le plus grand nombre possible, afin de désorganiser l'armée nazie.  
 
 Grand classique dans la veine des "7 mercenaires", avec son lot de vedettes, de "trognes" des années 50-60, Lee Marvin, Ernest Borgnine, Robert Ryan, Telly Savalas. Mais, malgré une histoire bien improbable à la base, cette aventure qui mêle habilement humour, sans les pitreries de "MASH", et action, se regarde toujours avec autant de délectation presque quarante ans après sa sortie. Les deux premiers tiers sont d'ailleurs souvent plus proches de la comédie gentiment insolente et antimilitariste que du film de guerre. La fin retrouve le monde sombre des tueries et des explosions, mais à la façon des années soixante, c'est-à-dire dans une certaine retenue propre. Rien à voir avec les boucheries ultra réalistes qui nous assaillent depuis une dizaine d'années, du génial "Il faut sauver le soldat Ryan" jusqu'à "Nous étions soldats". Ici, tout est soft, clean et, même lorsqu'il pleut, la boue n'envahit jamais les tenues. L'entraînement prétendu musclé de Lee Marvin semble lui aussi bien gentillet face à la formation quasi sadique du camp de "Tigerland"... Et cependant, malgré cet aspect qui nous apparaît aujourd'hui terriblement daté, l'oeuvre conserve son charme magique. Grâce, principalement, il faut le reconnaître, aux numéros jouissifs de certains acteurs qui, visiblement, ont dû se délecter en tournant cette histoire folle. Au premier rang, John Cassavetes, inoubliable numéro 11, mais aussi Donald Sutherland, arborant avec candeur un air totalement ahuri, ou encore Telly Savalas en allumé pseudo-mystique. Ajoutez à cela quelques moments forts, d'autres savoureux, tel la leçon donnée à l'odieux Colonel Breed (Robert Ryan), une séquence finale de bonne tenue, et il en résulte un film délectable.
 
 Bernard Sellier