Les 7 Mercenaires, film de John Sturges, commentaire

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Les 7 mercenaires,
     (The magnificent seven),     1960, 
 
de : John  Sturges, 
 
  avec : Yul Brynner, Eli Wallach, Steve McQueen, Charles Bronson, Robert Vaughn, James Coburn, Horst Buchholz, Brad Dexter,
 
Musique : Elmer Bernstein

 
 
Un petit village tranquille non loin de la frontière mexicaine. Ce n'est évidemment pas la richesse pour les malheureux cultivateurs qui y vivent, mais l'existence pourrait être paisible. Malheureusement, le bandit Calvera (Eli Wallach) opère une razzia régulière sur les quelques biens des habitants, tuant, au passage, ceux qui font mine de lui résister. Que faire ? Le vieux du village décide que le meilleur moyen est d'aller à la ville acheter des fusils. Trois hommes partent dans ce but et font connaissance d'un homme courageux, Chris Adams (Yul Brynner), qui accepte de les aider. Il recrute six équipiers vaillants et arrive avec eux dans le village pour entraîner les paysans à la résistance... 
 
 Un grand classique, inspiré, bien sûr, du film culte de Kurosawa, "les 7 Samouraïs", (1954), mais qui n'est pas non plus sans évoquer, sur divers plans, les "12 Salopards" (1967), de Robert Aldrich. On retrouve ici une même unité d'action (un groupe est formé ponctuellement dans un but unique et précis), et une gestion de personnages hétéroclites qui partent d'un individualisme exacerbé pour donner naissance à un groupe soudé par l'adversité. En revanche, si Aldrich s'en donne à coeur joie dans la rébellion souvent jouissive des insoumis du style Victor Franko, Sturges garde un sérieux constant, comme il le fera, quelques années plus tard, dans "La grande évasion". Ses sept figures sont brossées en quelques minutes, en deux ou trois répliques, et en traits simplistes. Il y a Britt (James Coburn), le lanceur de couteau ; Chico (Horst Buchholz), jeune chien fou inexpérimenté, sensible, orgueilleux, qui cherche la reconnaissance d'aînés ; Harry (Brad Dexter), obsédé par le supposé trésor qui est au bout de la route ; Lee (Robert Vaughn), qui vit dans les cauchemars et se voit journellement confronté à la peur qui le tenaille... Puis c'est la longe coexistence avec les villageois. Et, peu à peu, dans cet espace confiné, la primarité des premières scènes laisse la place à un approfondissement des mentalités, à une observation des comportements, à une émotion discrète. Une sensibilité distanciée et pudique s'installe et les individus bruts de décoffrage du départ traversent une phase initiatique dans laquelle la réflexion sur le but de la vie devient primordial. Le dénouement laisse une sensation d'amère mélancolie, lorsque les "vainqueurs" prennent conscience du dérisoire de leur existence. 
 
 Aucune fioriture dans la réalisation, le classicisme solide est là, servi par des acteurs hautement charismatiques (Steve McQueen...), malheureusement doublés, pour certains, de manière peu convaincante.
   
Bernard Sellier