Un 22 juillet, film de Paul Greengrass, commentaire

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Un 22 juillet,
       (22 july),          2018,      
  
de : Paul  Greengrass,
 
  avec : Anders Danielsen Lie, Jonas Strand Gravli, Jon Øigarden, Maria Bock, Seda Witt, Thorbjørn Harr,
 
Musique : Sune Martin


 
La Norvège est le théâtre de deux attaques terroristes successives menées par un extrémiste. Tout d'abord au moyen d'une camionnette piégée dans le centre d'Oslo, près du bâtiment du premier Ministre, puis quelques heures plus tard par le massacre de jeunes travaillistes sur l'île d'Utoya... 
 
 Paul Greengrass est manifestement attiré par les faits divers marquants. Après son 'United 93' consacré au détournement de l'un des vols commerciaux lors du 11 septembre 2001, ou encore 'Bloody sunday' (sur la marche de protestation irlandaise décimée par les troupes britanniques en 1972), il revisite ici la tuerie perpétrée par l'extrémiste de droite Anders Behring Breivik le vendredi 22 juillet 2011 en Norvège.

 Fidèle à sa conception des reconstitutions, le réalisateur s'approche au plus près de la forme d'un documentaire. Nulle présentation ici des personnalités dont le destin va être mis en exergue tout au long du film, comme cela se pratique dans les fictions catastrophes. Ce que Breivik nomme ses deux "missions", est présenté d'emblée et occupe une proportion très restreinte du récit. A peine plus de trente minutes sur les cent quarante minutes de l'oeuvre. Lorsqu'on lit le détail du drame, on peut être surpris de constater que le récit occulte toute une partie de l'histoire, en particulier les difficultés extrêmes qui ont surgi au moment où la police a commencé son intervention. Absence d'hélicoptère, vedette tombant en panne, réquisition du bateau d'un particulier... Pourquoi le réalisateur a-t-il passé sous silence toutes ces données ? Mystère.

 Tout le reste du film se focalise sur deux axes équilibrés : d'une part le difficile retour à la vie et la longue rééducation tant physique que psychologique du jeune Viljar (Jonas Strand Gravli) ; d'autre part le parcours et les motivations du meurtrier, défendu par l'avocat Geir Lippestad (Jon Øigarden). Breivik, opposé à toute option de folie temporaire proposée par son défenseur, a pour unique but d'utiliser son procès comme une scène destinée à promouvoir ses délires racistes et extrémistes. Il se pose en membre éminent du commandement des Templiers d'Europe, et il est difficile d'oublier le rictus diabolique ou le calme glaçant qu'il affiche lors de l'exposé de ses élucubrations. Tout comme est vivace et mémorable la dignité que Lara et Viljar manifestent dans leurs dépositions. Nous sommes ici à la fois très proches et très éloignés d'une autre oeuvre axée elle aussi sur une tuerie de masse, 'Eléphant', de Gus van Sant, sortie en 2003.

   
Bernard Sellier