Sept ans au Tibet, film de Jean-Jacques Annaud

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Sept ans au Tibet,
    (7 years in Tibet),     1997, 
 
de : Jean-Jacques  Annaud, 
 
  avec : Brad Pitt, David Thewlis, Mako, B.D.Wong, Victor Wong,
 
Musique : John Williams, Claude Debussy

 
 
Début 1939. Heinrich Harrer (Brad Pitt), jeune sportif autrichien, quitte son pays et sa femme enceinte, Ingrid (Ingeborga Dapkunaite), pour l'Himalaya, dans le but d'ascensionner le Nanga Parbat, jusque là invaincu. Sous la direction de Peter Aufschnaiter (David Thewlis), l'expédition se met en chemin, mais les conditions météo défavorables, ainsi qu'une blessure de Harrer imposent l'annulation. Furieux, le jeune homme décide de ne pas rentrer dans son pays. Il s'engage, avec Peter, dans une longue marche qui les conduit jusqu'à la frontière du Tibet. Mais les habitants du pays ne souhaitent pas voir entrer des étrangers sur leur territoire. Pendant ce temps, la femme de l'alpiniste a demandé le divorce pour épouser un ami, Horst Immerhof (Gerardo Ebert)... 
 
 Je n'ai jamais lu l'ouvrage autobiographique de Harrer, passionnant et riche, paraît-il, dont Jean-Jacques Annaud a tiré ce film, bien décrié lors de sa sortie. Est-il fidèle à l'écrit, je ne sais. Ce qui est sûr, c'est que le résultat semble singulièrement léger, tant psychologiquement que spirituellement. Nous suivons un périple original, atypique, qui voit ce jeune Autrichien orgueilleux, indépendant, rebelle, égoïste, abandonner derrière lui le cadre vital qui l'a sacré champion, pour s'enfoncer, plus ou moins volontairement, vers un univers qui, a priori, lui est totalement étranger. Un parcours initiatique fondamentalement passionnant, qui le propulsera jusqu'au palais de Lhassa, où grandit le futur Dalaï Lama, le métamorphosant en confident et instructeur du jeune Avatar. Voilà qui n'est pas banal ! Et pourtant, de cette fresque colorée, ne surnagent en fait qu'un aspect aventureux superficiel, quelques séquences dramatiques sur l'incursion des Chinois et leur main-mise odieuse sur cette contrée, et une approche simpliste des principes du bouddhisme tibétain. Brad Pitt était-il le bon choix pour incarner Harrer ? Cela peut se discuter, mais je ne pense pas qu'un autre interprète aurait modifié en profondeur le résultat. L'oeuvre est agréable, tant sur le plan narratif que visuel, le jeune acteur qui prête ses traits au Dalaï Lama à 14 ans, est remarquable de mimétisme avec l'homme épanoui, intensément vibrant de joie intérieure, que nous connaissons aujourd'hui, mais cela ne suffit tout de même pas à rendre la profondeur mystique que l'on aurait pu attendre de ce cheminement intime vers la spiritualité. Sans même aller jusque là, on ne trouve à aucun moment cette atmosphère singulière, fascinante, qui participait grandement à la réussite du "Nom de la Rose" et que le réalisateur retrouvera, sous une autre forme, dans "Stalingrad". Ici, nous avons affaire à un beau voyage, étrange et sensationnel, et seulement à cela.
   
Bernard Sellier