Une affaire de détails, film de John Lee Hancock, commentaire

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Une affaire de détails,
     (The little things),        2021, 
 
de : John Lee  Hancock, 
 
  avec : Denzel Washington, Jared Leto, Rami Malek, Chris Bauer, Terry Kinney, Natalie Morales,  
 
Musique : Thomas Newman

   
  Ne pas lire avant d'avoir vu le film

 1990 L''adjoint au shériff du comté de Kern, Joe Deacon (Denzel Washington) est chargé de récupérer une pièce à conviction à Los Angeles. Mais à son arrivée, il retrouve ses anciens collègues plongés dans les assassinats d'un tueur en série insaisissable. Il reste sur place et participe à l'enquête menée par Jim Baxter (Rami Malek)...  
 
 Un mode opératoire sinistre, de jeunes victimes souvent prostituées, un tueur qui rôde, une enquête difficile, le tout chapeauté par un ancien flic de première grandeur, rétrogradé, divorcé, taciturne et déprimé... Ce n'est pas la première fois que nous découvrons ce mixage devenu classique qui est susceptible de générer une atmosphère lourde et un suspense prenant ou, au contraire, de prendre l'apparence d'une copie pâle et indigne de «Seven». Assez rapidement, le film présente un style assez personnel, ne redoutant pas d'afficher une certaine langueur narrative, heureusement habitée par des personnalités au charisme affirmé. Denzel Washington, au premier plan, mais solidement secondé par un Jim Baxter atypique, au visage inquiétant, et par un suspect pour le moins déroutant. Tout cela devrait déboucher sur une intrigue riche, captivante et haletante. Or il n'en est rien. Le récit quitte à mi-parcours la quête du meurtrier pour s'adonner à un jeu du chat et de la souris avec celui qui apparaît, on ne sait trop pourquoi, comme le suspect principal et unique. Comme celui-ci est un manipulateur né qui se passionne pour les crimes et adore s'accuser de faits qu'il n'a pas commis, le cache-cache et les faux-semblants peuvent se développer impunément. Mais, du coup, le spectateur se retrouve devant une construction des plus artificielles qui n'a d'autre finalité que de renvoyer dos à dos deux policiers qui ne sont pas des anges, et n'hésitent guère à maquiller leurs délits. Lorsque les deux heures se terminent, il ne reste finalement pas beaucoup de scènes consistantes et profondes susceptibles de perdurer dans la mémoire, d'autant plus que les dialogues ne sortent guère d'un classicisme basique, et que les trois figures majeures de l'histoire semblent sous-employées. De la part du scénariste de «Un monde parfait», il était possible d'espérer une oeuvre plus intense et profonde.
   
Bernard Sellier