Angel Heart, film de Alan Parker, commentaire

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Angel heart,
       1987, 
 
de : Alan  Parker, 
 
  avec : Robert de Niro, Mickey Rourke, Charlotte Rampling, Lisa Bonet, Michael Higgins,
 
Musique : Trevor Jones


 
Lire le poème (CinéRime) correspondant : ' Vain coeur '

 
1955. Harold "Harry" Angel (Mickey Rourke), est un minable détective privé. Il est un jour contacté par un avoué, Winesap (Dann Florek), pour le compte d'un homme mystérieux, Louis Cyphre (Robert de Niro). Celui-ci souhaite retrouver un ancien chanteur, Johnny "Favorite" Liebling, qui avait contracté une dette envers lui. Johnny, blessé et amnésique à la suite de la guerre, était soigné dans un hôpital, mais, apparemment, il ne s'y trouve plus. Harry commence une difficile enquête et apprend du docteur Fowler (Michael Higgins), que le blessé a été emmené douze ans auparavant. Une forte somme d'argent avait été donnée au praticien pour qu'il continue à faire croire à la présence de Johnny... 
 
 Un an avant "Mississipi Burning", Alan Parker explorait dèjà "les portes de l'enfer" (titre français & canadien, peu utilisé chez nous), mais sur un fond événementiel totalement différent. Ici, nous sommes dans une fiction magique, mais fondée sur des bases aussi terriennes que formatées : le détective paumé, hagard, grillant cigarette sur cigarette, mal rasé, le regard flasque perdu dans un no man's land halluciné, sorte de Philip Marlowe totalement à la dérive, excellemment joué ici par Mickey Rourke dont c'est probablement un des meilleurs rôles, avec celui de Stanley White dans "L'Année du dragon". Une mission, apparemment banale, bien que le commanditaire (un De Niro qui est ici aussi sobre que Al Pacino était déclamatoire et emphatique dans "l'Associé du Diable"), ne passe pas inaperçu avec ses ongles de cinq centimètres et son chignon croquignolet ! Une atmosphère étouffante, des décors le plus souvent dégoulinants de pluie et cauchemardesques, une chape de magie qui imprègne la plupart des séquences, un culte Vaudou sanguinolant qui semble issu d'un Moyen-Age primitif, et surtout un scénario alambiqué, servi part un montage parsemé de zones d'ombres et de fragments hermétiques, tout cela donne naissance à un passionnant jeu de piste, adaptation moderne du mythe de Faust. Mais c'est surtout la performance d'un Mickey Rourke aussi naturel qu'halluciné, qui s'installe dans la mémoire de manière inaltérable.
   
Bernard Sellier