Another earth, film de Mike Cahill, commentaire

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Another earth,
       2011,  
 
de : Mike  Cahill, 
 
  avec : Meggan Lennon, Brit Marling, Robin Lord Taylor, William Mapother, Matthew-Lee Erlbach, AJ Diana,
 
Musique : Fall on your sword, Phil Mossman

  
 
À 17 ans, Rhoda Williams (Brit Marling) est passionnée d'astronomie. Un soir, alors qu'on annonce à la radio la découverte d'une soeur jumelle de la terre, elle provoque un accident alors qu'elle était ivre. Elle effectue quatre années de prison. Lorsqu'elle sort, elle accepte un travail de nettoyage et prend contact anonymement avec John Burroughs (William Mapother), dont la femme et le fils ont été tués dans l'accident... 
 
 Il n'est pas difficile de trouver ici les thèmes chers au réalisateur, qu'il développera trois an plus tard dans "I Origins". La science, la mort, l'au-delà, le devenir de la conscience, la continuité possible des liens développés ici-bas. S'y ajoutent ici la souffrance de la culpabilité et le besoin impérieux de pardon. Autant dire que les thématiques sont riches, hétérogènes et profondes. Contrairement à la narration de "I Origins", nettement fondée sur une concordance entre quête scientifique et hypothèses paranormales, celle qui est mise en oeuvre ici ne cherche pas à prouver quoi que ce soit. Ce sont l'onirisme, la poésie, l'imaginaire, qui tiennent le haut du pavé. Cela ne va pas sans un certain décousu dans la succession des séquences. La dimension psychologique offre de riches moments émotionnels, avec une belle sensibilité humaine de Rhoda, merveilleusement incarnée par Brit Marling. Mais la conjonction de ce drame humain avec l'aspect scientifique qui évoque la notion de "multivers" chère à "Fringe", se révèle nettement aléatoire et prosaïque. A ce titre, la dernière image, qui fait penser à la merveilleuse "Double vie de Véronique", semble bien gratuite, et laisse aussi perplexe qu'insatisfait. Les thématiques qui semblent particulièrement chères à Mike Cahill sont des plus captivantes. Pour son premier film de fiction, il est parvenu à créer une véritable atmosphère tant visuelle que narrative, même si le résultat se montre un peu bancal. Il ne fait pas de doute qu'il peaufinera probablement, au fil des créations, un univers profondément riche, entremêlant science, création mentale et fantastique.
   
Bernard Sellier