Arahan, film de Ryoo Seung-Wan, commentaire

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Arahan,
        (Arahan jangpung daejakjeon),     2004, 
 
de : Ryoo  Seung-Wan, 
 
  avec : Ryu Seung-Beom, Yoon So-Yi, Ahn Sung-Kee,
 
Musique : Han Jae-Kwon

  
 
Cinq Maîtres du Tao, spécialisés chacun dans une discipline, se lamentent : comment trouver des élèves valables dans un monde où la jeunesse ne croit plus en rien ? Sang-hwan (Ryu Seung-Beom) est un policier coréen rempli de bonne volonté, mais pas vraiment futé. Tandis qu'un jour, il poursuit péniblement un voleur, il est blessé par une jeune femme aux pouvoirs exceptionnels, Wi-jin (Yoon So-Yi). Elle le ramène pour être soigné à son domicile, qui n'est autre que le lieu où se réunissent les Maîtres. Voilà donc, peut-être, la perle rare, car le jeune homme semble posséder un Ki (énergie vitale) exceptionnel. Mais sa formation ne va pas se révéler une partie de plaisir... 
 
 Version moderne de "Karate Kid" ou du jouissif "Remo, sans arme et dangereux", cette histoire abracadabrante marie avec assez de bonheur comédie, aventure, lutte éternelle du bien contre le mal, et philosophie taoïste (niveau cours élémentaire première année...). L'élève est ici particulièrement peu gâté part la nature. Il faut véritablement être un maître clairvoyant pour discerner en lui l'être exceptionnel qu'il dissimule ! Binoclard, l'air abruti, les cheveux semblables à une moumoute qui sortirait de l'essorage, il est l'anti-héros par excellence. Mais, c'est bien connu, l'Adepte le plus élevé se camoufle parfois sous une enveloppe indétectable par le commun des mortels ! Heureusement, le scénariste ne s'est pas laissé piéger par l'illusion, et nous sort, in-extremis, un puissant manipulateur du Ki en la personne du policier minable sur lequel personne, au départ, n'aurait misé un kopek ! Trève de plaisanterie, cette énième variation sur les pouvoirs magiques, à faire pâlir "Matrix" ou "Kill Bill", est particulièrement divertissante, inventive, bourrée de trouvailles (les lettres (coréennes, évidemment), qui s'échappent de la bouche d'un maître), de chemins de traverse (l'émission télé : "cherchez le maître" est hilarante), qui viennent heureusement intercaler leur humour original au milieu des éternels combats dans lesquels les corps voltigent en apesanteur, et où les coups à décorner un rhinocéros font à peine perler une goutte de sang sur les visages. La trame part un peu dans tous les sens pendant la première moitié, mais retrouve sa consistance lorsque Heuk-woon (Doo-hong Jung), archétype du Maître ayant perverti ses pouvoirs, apparaît. Le final, violente confrontation à épisodes multiples, est un peu longuet. Pourtant, il ne parvient pas à gâcher un ensemble, certes primaire, mais très distrayant.
   
Bernard Sellier