L'as des as, film de Gérard Oury, commentaire

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L'as des as,
        1982, 
 
de : Gérard  Oury, 
 
  avec : Jean-Paul Belmondo, Marie-France Pisier, Rachid Ferrache, Frank Hoffmann, Günter Meisner, 
 
Musique : Vladimir Cosma


 
1916. Tandis que le caporal Adolf Hitler (Günter Meisner) piétine dans les tranchées, deux as de l'aviation, Jo Cavalier (Jean-Paul Belmondo) et Gunther von Beckman (Frank Hoffmann) se livrent un combat sans merci, qui se termine par le crash des deux appareils, et l'amitié des adversaires. Vingt ans plus tard, Jo accompagne son équipe de boxe aux Jeux Olympiques. Une journaliste, Gaby Delcourt (Marie-France Pisier) s'y rend également, afin d'obtenir une interview du Führer. Dès son arrivée, Jo se voit confier un petit garçon juif, Simon Rosenblum (Rachid Ferrache), dont les parents ont été arrêtés par la Gestapo. C'est le début des ennuis... 
 
 Gérard Oury avait commencé très fort avec un duo de choc (de Funes et Bourvil) dans "Le Corniaud" (1965) et "La grande vadrouille" (1966), pour culminer, peut-être, cinq ans plus tard, avec "La folie des grandeurs" et "Les aventures de Rabbi Jacob". Treize ans avant ce film, il avait déjà utilisé le génie comique de Belmondo dans "Le cerveau". Plus récemment, l'essoufflement était manifeste, en particulier dans "La vengeance du serpent à plumes" (1984) ou "La soif de l'or" (1993), dans lequel l'humour volait nettement moins haut que les maisons.  
 
 Belmondo a beau être un comique né, il a fort affaire, dans cette histoire, pour maintenir sur la durée la truculence et la loufoquerie, car le scénario, après un démarrage sympathique et prometteur, vire à la farce épaisse, pour ne pas dire indigeste. La baisse de régime semble être, d'ailleurs, un mal chronique dans les comédies, dont le brillant de départ se ternit souvent de manière inéluctable. L'idée de base : situer l'intrigue au coeur des Olympiades qui voient la montée en puissance et en délire criminel d'un individu médiocre, est excellente. De plus, la confrontation d'un Belmondo égoïste, mufle, machiste, avec une journaliste volcanique et vindicative, est plus qu'engageant. Mais, au bout de trente minutes, Marie-France Pisier a quasiment disparu, laissant la place à un gamin craquant, tandis que la satire d'un régime aussi cruel que haïssable tourne à la pantalonnade franchouillarde, avec un Adolf finissant dans une mare aux oies ! Cela dit, pour peu que l'on ne soit pas trop exigeant, c'est amusant, peuplé de moments gentillets, attendrissants, vaudevillesques (l'horrible soeur d'Adolf, jouée par le même acteur que le Führer, joue le clone d'Alice Sapritch dans "La folie des grandeurs"), mais la pâtée se révèle quand même un peu lourde...
   
Bernard Sellier