Atiye, Saison 1, de Sengül Boybas, commentaire

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Atiye,
     (The gift),      Saison 1,      2019 
 
de : Sengül  Boybas, 
 
avec : Beren Saat, Mehmet Günsür, Melisa Senolsun, Metin Akdülger, Civan Canova, Basak Köklükaya,
 
Musique : Sertac Özgümüs


 
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Atiye Özgürsoy (Beren Saat), jeune artiste peintre, réalise sa première exposition. Elle accepte la demande en mariage de son compagnon, Ozan (Metin Akdülger). Un jour, elle apprend qu'une découverte archélogique majeure vient d'être effectuée par Ehran (Mehmet Günsür) sur le site de Göbekli Tepe. Atiye est conduite par une jeune fille étrangère sur les lieux des fouilles. Elle a la stupéfaction de constater que le symbole inconnu mis au jour, est celui qu'elle peint depuis son enfance...
 
 Des fouilles archéologiques qui conduisent à la découverte d'un mystère. Une jeune femme troublée par des visions en lien direct avec les symboles... Voilà de quoi alimenter une histoire fantastico-aventurière comme on en a déjà vu, avec plus ou moins de réussite. Sauf que, dès les premières scènes, il est évident que cette création possède une patte artistique personnelle qui ne laissera pas indifférent. L'installation de l'aventure est effectuée avec une tenue remarquable, délaissant esbroufe et facilités narratives. Les personnages principaux sont dessinés avec une rigueur qui ne laisse aucune place aux clichés ou à la superficialité. Il faut préciser que les acteurs, avec au premier plan une Beren Saat très expressive, facilitent grandement l'implication du spectateur dans cette quête intime et universelle qui se révèle captivante. Mais en fait, ce sont tous les membres de cette fable mystique qui se montrent intenses dans leurs croyances, leurs peurs, leurs souffrances passées ou présentes. Cerise sur le gâteau déjà fort appétissant, l'anonymat des artistes, ainsi que l'immersion dans une Turquie aux traditions marquées, où la famille reevêt une importance primordiale, participent au plaisr que l'on éprouve à suivre une histoire dont le désir d'authenticité est très éloigné des canons hollywoodiens. Tout sonne juste dans le trouble vécu par Atiye, aussi bien dans ses perceptions extra-sensorielles perturbantes, que dans son écartèlement entre la vie facile et superficielle que lui promet son futur mariage, et l'attirance inexplicable pour les appels de l'invisible. Au fur et à mesure que se développe l'intrigue, les univers réels et fantastiques s'interpénètrent. Le symbolisme, la magie, les pouvoirs ancestraux, le pouvoir de la parole, toutes ces composantes se mêlent dans une sorte de ballet hors du temps, dans lequel sont ballottés comme des fétus de paille des personnages en quêtes de vérités ou de puissance. 

 Une première saison inventive, captivante de bout en bout, qui explore les mythes de façon intelligente, tout en insérant son aventure dans un contexte familial profondément touchant. Une très belle réussite.
   
Bernard Sellier