Atiye, Saison 2, de Sengül Boybas, commentaire

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Atiye,
     (The gift),      Saison 2,      2020 
 
de : Sengül  Boybas, 
 
avec : Beren Saat, Mehmet Günsür, Melisa Senolsun, Metin Akdülger, Civan Canova, Basak Köklükaya,
 
Musique : Sertac Özgümüs


 
Saison 1       Saison 3

 
Ne pas lire avant d'avoir vu la série

 
Atiye Özgürsoy (Beren Saat), accusée d'avoir tué sa sœur adoptive, Cansu (Melisa Senolsun), s'est enfuie miraculeusement de prison. Serdar (Tim Seyfi), père d'Ozan (Metin Akdülger) a été arrêté par la police, car le père de Cansu, Mustafa (Civan Canova) a trouvé une vidéo prouvant qu'il est le meurtrier. Pendant ce temps, Hannah (Hazal Türesan), l'âme damnée de Serdar, a retrouvé les feuillets secrets du père d'Ehran (Mehmet Günsür). Au début de cette deuxième saison, Atiye rencontre Elif (Melisa Señolsun), sosie de Cansu, qui est sur le point d'épouser Ozan. Mustapha ne reconnaît pas sa fille, et sa mère, Serap (Basak Koklukaya) est internée. Ehran est devenu l'âme damnée de Serdar...
 
 Dire que le premier épisode bouleverse toutes les données engrangées dans la première partie est un faible mot. Tout comme Atiye, le spectateur est plongé dans un univers parallèle, où les personnages connus ont un destin radicalement différent. Qui plus est, une étrange épidémie mortelle frappe les femmes enceintes, et les naissances ont disparu. Les protagonistes sont tous présents, mais leurs relations sont bouleversées, souvent inversées (karma oblige). Atiye, sa mère Serap, et sa grand-mère Zühre (Meral Cetinkaya) forment une sorte de pont entre ces deux univers parallèles, une chaîne intemporelle fertile dans l'évolution créatrice de la terre-mère. Il faut avouer que cette seconde saison demande une certaine attention, car les replis spatio-temporels rendent la narration parfois complexe. Mais il y a dans cette histoire  une telle énergie créatrice, une telle intensité dramatique, que ces enchevêtrements deviennent un enrichissement permanent. Les scénaristes sont parvenus à mêler de manière aussi efficace qu'intime et universelle des composantes a priori difficilement compatibles : une histoire d'amour, ou plutôt une réunion d'âmes-sœurs éternelles, un symbolisme ésotérique, une référence aux forces sombres qui souhaitent voir disparaître une partie de l'humanité (nous sommes bien placés en ce moment pour savoir que c'est une réalité, puisque des personnalités comme Yuval Noah Harari ou Klaus Schwab le disent clairement), un conflit entre les puissances créatrices et les entités maléfiques, une immersion dans la magie chamanique... Et ce mélange improbable s'opère avec une telle fluidité, une telle sensibilité exacerbée, dans une aventure ponctuée d'élans poétiques et d'instants si sobrement bouleversants, que la raison demeure impuissante à regimber devant ce qui pourrait apparaître comme des éléments extravagants si la maîtrise du récit n'était pas aussi qualitative. Cette suite de retrouvailles amoureuses ou familiales qui s'égrènent au fil des renaissances successives fait souvent penser aux textes sublimes de Satprem dans son ouvrage « Par le corps de la terre » :

 « Le Mensonge est une invention de nos yeux, le Mal est une invention de nos yeux ; la douleur, la seule douleur, en vérité, est de ne pas voir du bon côté, car, si, une seule seconde, nous pouvions voir ce qu’est le monde vraiment sans tous nos faux regards de bien, de mal, de oui, de non, nous serions guéris à jamais, et le monde, sans changer une seconde de ce qu’il est en cette minute cruelle et obscure, serait complètement autre. C’est un voile de Mensonge sur une Réalité inimaginablement belle."  
 
 « Du jour où tu regardes avec des yeux vrais, il n’est pas une seule chose au monde qui ne soit pleine de sens et n’apporte son message -pas une. C’est comme si tout se liguait pour nous obliger à comprendre ».  
 « Le Destin n’est pas fait pour nous écraser ni pour nous punir,...il est fait pour nous contraindre à grandir... »

 « Qu’est-ce qui réunissait nos trois vies, quelle histoire ? Oh ! J’ai cherché des miracles, et maintenant que je n’en cherche plus, il me semble en voir partout. Ils disent « le hasard », mais quoi ? Le plus petit de ces hasards brille comme une étoile dans la grande forêt du monde ; et, parfois, il me semble qu’un geste fortuit, une petite seconde d’inattention, un sautillement à droite plutôt qu’à gauche, une plume d’oiseau, un rien qui souffle, contient un monde de préméditation vertigineux - et peut-être... Peut-être ne voyons-nous pas tout ce qui relie ces moments, l’invisible fil qui s’enfonce à travers les siècles et rattache cette seconde éblouie, cette soudaine croisée des chemins, cette graine qui vole, à une autre histoire inachevée, une ancienne promesse non tenue, une colline oubliée, une fontaine d’autrefois où deux êtres s’étaient souri en passant. Où est le commencement de l’histoire ?... 
 
 ...Quelquefois, je crois qu’il y a plus de mystère dans un rien qu’on heurte par hasard, que dans toutes les infinitudes du ciel, et que la clef du monde n’est pas dans l’infiniment grand, mais dans un minuscule clin d’œil surpris au piège... »
 

Bernard Sellier