Le bal des Maudits, film de Edward Dmytryk, commentaire

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Le bal des maudits,
      (The young lions),     1958, 
 
de : Edward  Dmytryk, 
 
  avec : Marlon Brando, Dean Martin, Hope Lange, Maximilan Schell, Montgomery Clift, Barbara Rush, May Britt, Dora Doll, Liliane Montevecchi, 
 
Musique : Hugo Friedhofer, Richard Wagner


 
L'armistice vient d'être signée entre la France et l'Allemagne. Nous sommes en 1940. Le lieutenant Christian Diestl (Marlon Brando) arrive à Paris. Mais il ne goûte guère le rôle de policier que ses supérieurs, en particulier le Capitaine Hardenberg (Maximilian Schell), lui font jouer. Pendant ce temps, les Etats-Unis préparent la mobilisation. Certains tentent l'impossible pour ne pas être obligés de rejoindre l'armée. C'est le cas de Michael Whiteacre (Dean Martin) qui est beaucoup plus intéressé par le succès de sa comédie musicale de Broadway que par une mort probable au front. Noah Ackermann (Montgomery Clift), lui, ne possède pas les appuis bien placés de Michael, mais il tombe amoureux fou de la charmante Hope Plowman (Hope Lange), dont le père accepte fort difficilement de voir sa fille épouser un Juif... 
 
 En deux ans Edward Dmytrick livre deux oeuvres a priori fort différentes, mais également passionnantes. Ce film de guerre et un western mémorable ("L'homme aux colts d'or"). Pourtant, si l'on approfondit quelque peu la vision, nombre de similitudes thématiques apparaissent. L'importance de l'autorité (le capitaine Hardenberg est un modèle parfait pour l'expérience de Stanley Milgram dont on trouve une illustration fascinante dans "I comme Icare" d'Henri Verneuil). Mais aussi les notions de courage, de lâcheté, et, surtout, la quête du sens de l'existence. Christian n'est pas un homme mauvais, mais un idéaliste, qui, à l'image de millions de ses compatriotes, voit dans la montée du nazisme une ouverture vers l'élévation de son statut social. Le film brasse un grand nombre de domaines, s'étale sur un grand nombre d'années, survole plusieurs continents, ce qui rend frorcément l'approche de chaque thème assez superficielle. Inutile également d'y chercher un réalisme des combats comme on le trouvera un demi siècle plus tard dans "Il faut sauver le soldat Ryan" ou un spectaculaire à l'image de "Pearl Harbor". Pourtant la plupart des séquences (l'attaque des Britanniques en Afrique du nord, les combats désespérés de Noah contre ses persécuteurs, le dénouement...), se révèlent fortes et inoubliables dans leur sécheresse brutale. Cela d'autant plus que Marlon Brando et Montgomery Clift investissent avec intensité leurs personnages. Et puis, difficile de se montrer objectif devant ce film, l'un des premiers que j'aie vus étant enfant, qui plus est en compagnie d'une petite Monique, d'origine juive, terrorisée par les images...
   
Bernard Sellier