Pearl Harbor, film de Michael Bay, commentaire

  Bienvenue sur le site d'un manipulateur de mots, passionné d'écriture, de cinéma, de musique, d'ésotérisme...     

Pearl Harbor,
      2001, 
 
de : Michael  Bay, 
 
  avec : Ben Affleck, Josh Hartnett, Jon Voight, Kate Beckinsale, Cuba Gooding Jr., Alec Baldwin, Tom Sizemore,
 
Musique : Hans Zimmer

   
 
1923, dans le Tennessee. Rafe McCawley et Danny Walker sont copains et jouent à piloter des avions de guerre. Dix huit ans plus tard, ils sont tous deux à Long Island. Rafe (Ben Affleck) est un as et veille sur son ami Danny (Josh Hartnett), ce qui ne les empêche pas de jouer avec le danger au grand dam de leur supérieur, le Major James Doolittle (Alec Baldwin). La guerre fait rage en Europe. Bien que rien ne l'y oblige, Rafe décide de s'engager dans l'escadrille des Aigles qui, en Angleterre, tente de s'opposer aux forces aériennes nazies. Il convainc une jeune infirmière, Evelyn Johnson (Kate Beckinsale) de le déclarer apte, bien que sa vue ne l'y autorise théoriquement pas. Ils deviennent amoureux mais ne tardent pas à être séparés. Rafe gagne l'Europe, tandis qu'Evelyn est nommée, avec ses amies, à Pearl Harbor. Un jour, Danny vient annoncer à la jeune fille la dramatique nouvelle : Rafe a été abattu... 
 
 Voilà assurément une grosse machinerie comme savent en créer les studios hollywoodiens et comme aime en pondre Michael Bay. Après avoir concocté un "Armageddon" assez risible, il s'attaque à l'une des pages sombres de l'histoire mondiale. A sa manière habituelle, c'est-à-dire en ne ménageant pas les moyens de séduire le spectateur. Ici, deux grandes ressouces : premièrement, le récit de l'attaque, incontestablement impressionnante, grâce à des effets spéciaux démesurés et à un sens du spectaculaire qui, s'il n'évite pas toujours un goût douteux (la bouteille de Coca-Cola qui recueille le sang de Rafe... merci au PDG pour son gros chèque...!), n'en est pas moins flagrant. C'était quand même là le but premier à atteindre. Deuxièmement, une histoire d'amour à fendre le coeur des pierres, qui s'étale autour de ce morceau de bravoure, de manière quelque peu excessive. Ce que l'on peut regretter le plus dans cette bluette amoureuse n'est d'ailleurs pas tant sa durée, que la banalité manifeste des situations et des dialogues. Le scénariste et le réalisateur sont de toute évidence plus à l'aise dans le mouvementé que dans la romance. La longue mise en route des premiers émois entre pilotes et infirmières tombe trop souvent dans le préfabriqué simpliste ou le réchauffé. Couchers de soleil façon carte postale, dialogues insipides, romantisme langoureux, rien n'est épargné au spectateur pour le plonger dans l'effroi et l'horreur lorsque les méchants Japonais surgiront. Ben Affleck, souvent pâle dans ses incarnations, est heureusement ici moins morne que d'habitude. Mais c'est le regard profond et torturé de Josh Hartnett qui se grave dans la mémoire.  
 
 Hymne à la gloire du courage inébranlable du peuple américain (sorti d'ailleurs en 2001, année fort sombre pour lui...), cette oeuvre ne fait certes pas dans la demi-mesure, en ce qui concerne l'aspect sensationnel. Roosevelt (incarné magistralement par Jon Voight), est le symbole même de l'Américain plus grand que grand, qui, blessé, meurtri, paralysé par un ennemi fourbe, se relève grandi de l'épreuve et de la douleur. C'est très beau, évidemment, mais c'est aussi oublier un peu vite toutes les monstruosités que les Etats-Unis ont accomplies sur leurs propres terres et dans le monde, depuis l'éradication des peuples Indiens. Tout de même, malgré ses penchants contestables pour le théâtral et le larmoyant, il est juste de reconnaître que Michael Bay nous offre un spectacle immense, qui a l'intelligence de se clore dans une mission suicide, sorte de dérisoire rebond d'orgueil, dépouillée de majesté et de tape à l'oeil. Pour ce qui touche le drame personnel, nous sommes bien sûr loin de la pudeur poignante de "Waterloo bridge", mais écrire, comme on peut le voir sur IMDB, qu'il s'agit là du plus mauvais film jamais tourné sur l'histoire, c'est pousser le bouchon très, très loin...
   
Bernard Sellier