Black Book, film de Paul Verhoeven, commentaire

  Bienvenue sur le site d'un manipulateur de mots, passionné d'écriture, de cinéma, de musique, d'ésotérisme...     

Black book,
       (Zwartboek),        2006, 
 
de : Paul  Verhoeven, 
 
  avec : Carice van Houten, Sebastian Koch, Thom Hoffman, Halina Reijn, Waldemar Kobus, Derek de Lint, Dolf de Vries,
 
Musique : Anne Dudley

  
 
1956, dans un kibboutz en Israël. Une jeune femme, Ronnie (Halina Reijn), visite les lieux en touriste avec son mari. Dans la personne d'une institutrice, elle reconnaît une jeune femme, Rachel Stein (Candice van Houten) connue douze ans plus tôt en Hollande, pendant les derniers temps de l'occupation nazie. Cherchant à échapper à la déportation, Rachel se cachait dans une ferme. Obligée de fuir après la disparition tragique de ses hôtes, elle est aidée par Van Gein (Peter Block), qui organise des convois pour faire passer les Juifs en Belgique. Parmi les passagers, Rachel retrouve ses parents dont elle était sans nouvelles. Mais un patrouilleur allemand survient, commandé par le lieutenant Günther Franken (Waldemar Kobus). Tous les fugitifs sont exécutés. Seule Rachel parvient à échapper au massacre. Elle est recueillie par un groupe de résistants, dirigé par Gerben Kuipers (Derek de Lint)... 
 
 Au premier abord, le sujet évoque "Une lueur dans la nuit" de David Seltzer. Mais toute ressemblance entre les deux films disparaît très rapidement, tant l'oeuvre de Paul Verhoeven renvoie celle de son confrère au rang de petite bluette superficielle. On ne sait trop quelle qualité porter au pinacle, tant l'équilibre et la transcendance se manifestent dans tous les aspects de la création. A travers le destin hors normes d'une femme ordinaire, l'histoire visite, avec une inspiration emplie de gravité et d'émotion authentique, la barbarie nazie, la rédemption par l'amour, la bassesse humaine, le double-jeu, l'interpénétration permanente de l'ombre et de la lumière, le miroir des apparences, et tout cela dans une construction dramatique haletante, excitante, bouleversante de la première à la dernière minute. L'oeuvre n'est pas tour à tour un film d'espionnage, de guerre, de passion, de suspense, de tragédie humaine. Elle intègre à chaque instant toutes ces composantes à la fois, portées, qui plus est, par des acteurs peu connus, qui donnent une crédibilité totale à ces événements inspirés de faits réels. Grâce à un jeu d'une subtilité rare, Carice van Houten habite son personnage avec une intensité permanente, tout en se montrant d'une sobriété extrême. Délaissant les mutants futuristes de l'excellent thriller "Total Recall" et les bestiasses ridicules de "Starship Troopers", Verhoeven nous offre une fresque troublante, sauvage, mais profondément humaine de l'une des périodes les plus sombres de l'histoire. Inoubliable.
   
Bernard Sellier