Bone tomahawk, film de S. Craig Zahler, commentaire

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Bone tomahawk,
        2016, 
 
de : S. Craig  Zahler, 
 
  avec : Kurt Russell, Patrick Wilson, Matthew Fox, Richard Jenkins, David Arquette, Lili Simmons,
 
Musique : S. Craig Zahler, Jeff Herriott

 
 
Franklin Hunt (Kurt Russell) est le vieux shériff d'une petite ville tranquille, Bright Hope. Lorsqu'un jour une jeune infirmière, Samantha (Lili Simmons) et un adjoint du shériff, Nick (Evan Jonigkeit) sont enlevés par des indiens, Hunt, son associé Chicory (Richard Jenkins) et le mari de Samantha se mettent en route vers le repaire des ravisseurs... 
 
 À qui diable peut bien s'adresser ce genre de production ? La question mérite d'être posée, car la réponse n'est pas du tout évidente. Au premier abord, il s'agit d'un western. Avec ses grands espaces, ses nuits à la belle étoile, ses gibiers de potence qui surgissent périodiquement, ses chevauchées sur fond de ciel étoilé. Mais ce genre d'épopée, le spectateur l'a vu des milliers de fois et celle-ci ne mérite, à aucun point de vue une attention particulière. 
 
 Au deuxième abord, il pourrait s'agir d'un décalque des créations de Quentin Tarentino, ce que n'ont pas manqué de souligner certains critiques. La lenteur assumée des scènes, la logorrhée chronique du vieux Chicory (le seul personnage un tant soit peu intéressant du film, grâce à ses divagations décalées), les éclairs de sauvagerie peuvent effectivement évoquer le style du "maître". Pourtant, même si un agacement certain naît de nombre de ses excès (en particulier dans le récent "8 salopards"), force est de reconnaître que S. Craig Zahler est bien loin d'égaler les débordements verbaux classieux de son supposé modèle. 
 
 Au troisième abord, le spectateur peut voir dans les vingt dernières minutes du film un décalque des "Cannibal Holocaust" ou autres "Green inferno". Mais l'irruption de ces quelques scènes horrifiques, outre qu'elles n'apportent strictement rien à la dramaturgie du film, apparaissent, par leur brièveté, comme un délire gore parfaitement gratuit. 
 
 Alors, que sauver de cette oeuvre longue, parfois ennuyeuse, et d'un intérêt narratif plus que limité ? Peut-être la quête courageuse et opiniâtre d'Arthur (Patrick Wilson), qui, la jambe cassée, poursuit envers et contre tout le sauvetage de celle qu'il aime et des personnages qui ont une certaine épaisseur. Mais plus de deux heures pour une intrigue aussi liliputienne, quelle épreuve, tant pour lui que pour nous !
   
Bernard Sellier