Le bonheur est dans le pré, film de Etienne Chatiliez, commentaire

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Le bonheur est dans le pré,
      1995, 
 
de : Etienne  Chatiliez, 
 
  avec : Michel Serrault, Eddy Mitchell, Sabine Azéma, Carmen Maura, Daniel Russo, François Morel,
 
Musique : Pascal Andreacchio


 
Lire le poème (CinéRime) correspondant : ' Foi de lapin '

 
Francis Bergeade (Michel Serrault) tient une petite entreprise d'accessoires pour WC à Dole. Tout n'est pas vraiment rose pour lui, étant donné qu'il est affligé d'une femme, Nicole (Sabine Azema), acariâtre et glaciale, que sa fille, Geraldine (Alexandra London), fiancée à Remi (Christophe Kourotchkine), a tout d'une pimbèche, que la grève menace ses ateliers de production, qu'un contrôle fiscal est en cours, et qu'un malaise vagal l'envoie pour quelques jours à l'hôpital ! Heureusement, son ami de toujours Gérard (Eddy Mitchell), est là pour lui prodiguer encouragements et bons petits gueuletons. Un soir, tandis qu'il regarde une émission télévisée dans laquelle sont recherchés des disparus, il a la stupéfaction de voir sa photo apparaître ! Il s'agit en fait d'un sosie, Michel Thivart, disparu depuis 1968, et recherché par sa femme Dolores (Carmen Maura) et ses deux filles, Sylvie et Françoise, alias Zig (Guilaine Londez) et Puce (Virginie Darmon)... 
 
 Après "Tatie Danielle" et sa méchanceté foncière, Etienne Chatiliez nous gratifie un conte mi-noir, mi-blanc. Tout commence dans le sombre, avec un pauvre Michel Serrault écrasé par ses deux "pétasses", englué dans ses malheurs de patron écartelé entre le fisc, les banques et des ouvrières CGT, dont le seul rayon de soleil réside dans les soirées gastronomiques qu'il partage avec son ami Gégé. Dans la seconde partie, c'est le rose bonbon qui prédomine, que ce soit du côté de Francis-Michel, qui trouve, dans le retour à la nature, loin de ses deux femelles, une joie de vivre qu'il n'avait jamais connue, ou du côté de Nicole, qui, grâce à un efficace "débouchage des écoutilles", découvre un chemin festif vers les plaisirs inconnus. Le scénario, relativement original et générateur de contraste jouissif entre la famille-cauchemar et la famille-épanouissement, finit par piétiner quelque peu au bout d'une heure. En fait, le grand intérêt du film et l'agrément qui en jaillit, naissent principalement d'une distribution particulièrement jubilatoire. Entre un Michel Serrault au meilleur de sa forme, et un Eddy Mitchell qui se régale de sa vulgarité débonnaire, Sabine Azema nous offre un personnage de psycho-rigide évolutive absolument délicieux, tandis que Carmen Maura brille avec discrétion dans son rôle tendre et délicieusement perfide. Le réalisateur met de côté, pour un temps, son agressivité pour célébrer, non sans un brin de sournoisie, la poésie champêtre. Ce n'est pas d'une profondeur abyssale, mais c'est fort récréatif et parfaitement joué.
   
Bernard Sellier