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Bordertown,
     (Sorjonen : Muraalimurhat),     2021,  
 
de : Juuso  Syrjä, 
 
  avec : Ville Virtanen, Anu Sinisalo, Sampo Sarkola, Olivia Ainali,
 
Musique : Kaspar Kaae, Brian Batz


 
Le corps de l'un des plus grands criminels finlandais est retrouvé, à côté d'une fresque de sang peinte sur le mur. La police fait appel à Kari Sorjonen (Ville Virtanen), soigné dans un hôpital psychiatrique, un ancien flic qui a mis sous les verrous le redoutable tueur Lasse Maasalo (Sampo Sarkola). Kari demande à sa fille, Janina (Olivia Ainali) d'interroger le prisonnier, supposé être l'inspirateur du justicier...
 
 Il est plus que fréquent de rencontrer des filcs misanthropes, usés, très en colère, dépressifs, alcooliques, mais on a rarement l'occasion de se trouver en face d'un cas pathologique semblable à Kari. Bourré de tocs, semblant monologuer dans le vide, bourré de médicaments, soumis à une psychothérapie, vêtu de loques, il ressemble davantage à un SDF drogué jusqu'à la moelle qu'à un brillant enquêteur. En fait, on comprend vite qu'il s'agit d'un HPI, mais à l'opposé de notre Morgane Alvaro hexagonale. À la place de l'exubérance épuisante de celle-ci, Kari fait fonctionner ses méninges dans le silence et la concentration intérieure. Une surprise est de voir que ce personnage insolite a été la tête d'affiche de trois saisons qui se sont échelonnées, sur 31 épisodes, de 2016 à 2019. Dès lors, il est difficile de comprendre l'intérêt de ce film. La réduction d'une enquête en cent minutes rend celle-ci expéditive, et forcément artificielle. Le thème de base évoque bien sûr Le silence des agneaux, mais nous sommes loin ici du génie narratif et de l'intensité exceptionnelle du film de Jonathan Demme. Le bon côté de l'entreprise, c'est que le récit opte pour le sérieux et la sobriété dramatique nordiques. Avec ce que cela sous-entend de vérisme. Mais l'aspect négatif, c'est que tous les évènements sont précipités, les planques sont identifiées en deux temps trois mouvements, et le spectateur a bien du mal à entrer dans un drame doté de développements aussi sommaires. Il ne fait guère de doute que la série doit apporter des approfondissement bienvenus, tant aux personnages qu'aux péripéties.
   
Bernard Sellier