HPI : haut potentiel intellectuel, saison 1, de Stéphane Carrié

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HPI : Haut Potentiel Intellectuel,
     saison 1,     2021, 
 
de : Stéphane  Carrié, 
 
  avec : Audrey Fleurot, Mehdi Nebbou, Bruno Sanches, Marie Denarnaud, Rufus, Cypriane Gardin,
 
Musique : Yannis Dumoutiers


 
Saison 2        Saison 3

 
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Morgane Alvaro (Audrey Fleurot), mère célibataire de trois enfants, travaille comme femme de ménage dans un commissariat du Pas de Calais. Dotée d'un quotient intellectuel de 160, elle s'aperçoit un jour que la police fait fausse route dans le meurtre d'Antoine Levasseur et la disparition de son épouse,  Jeanne (Caroline Filipek). La commissaire Céline Hazan (Marie Denarnaud) oblige son subordonné, Adam Karadec (Mehdi Nebbou), à s'adjoindre les services de Morgane. Mais celle-ci n'est pas facile à gérer... 

 Le fondement de cette série tient à la fois de «Mentalist» et de «Numb3rs», deux réussites dans leur genre. La fin du premier épisode voit d'ailleurs s'afficher en filigrane un secret qui va tenir lieu de colonne vertébrale à cette première saison, à savoir la disparition inexpliquée de Romain, le père de Théa (Cypriane Gardin), fille aînée de Morgane. Ce qui rappelle furieusement le 'John le Rouge' de Mentalist.

 Il n'empêche que le début de cette improbable association fait un peu peur. Dès les premiers plans, avec une Audrey Fleurot qui se croit dans une comédie musicale lorsqu'elle époussette les bureaux, on craint le pire. Elle est certes charmante, insolente, survoltée et dotée d'un charisme magnétique incomparable. Mais la mise en place des éléments au cours du premier épisode a beau divertir sans peine et mettre en excitation les zygomatiques, elle laisse néanmoins plus que perplexe sur la suite. Le mystère est résolu en trois coups de cuillère à pot, la disparue est retrouvée sans problème, et le spectateur habitué aux enquêtes complexes ou interminables doit se dire que si toutes les énigmes qui suivent sont expédiées de cette manière, il serait peut-être bon de passer son chemin. Pour l'anecdote, il est amusant de constater que la situation familiale vécue ici par Audrey Fleurot, à savoir des enfants dont elle ne sait que faire, est une photocopie de ce qu'elle supportait dans l'épisode de «Dix pour cent» qui lui était consacré. L'espoir réside dans le fait que l'épisode pilote étant destiné à offrir une vitrine aguichante, on peut espérer que ses successeurs vont développer des personnages au premier abord très simplistes, et proposer dans la suite des enquêtes nettement plus étoffées.

 Dans les faits, il n'y a pourtant pas de grands changements au cours de cette première saison. Le processus est rôdé et quasiment immuable : un fait divers (assassinat, rapt d'enfants, rixes entre hooligans...) ; quelques soupçons du côté policier : interventions de la 'géniale' Morgane ; découverte d'une vérité à laquelle on ne s'attendait pas. Ce statisme se retrouve dans l'évolution des personnages, qui se révèle à peu près nulle. Morgane est toujours fidèle à elle-même, Gilles Vandraud (Bruno Sanches) et Céline font de la figuration, quant à Karadec (excellent Mehdi Nebbou), il conserve fidèlement sa bougonnerie, ses sautes d'humeur, son sérieux, son agressivité, même si l'on ne se fait guère d'illusions sur le fait qu'un jour ou l'autre sa carapace va se désintégrer. Tout l'intérêt de la série repose donc sur le tempérament volcanique de la charmante Morgane. Ce qui fait à la fois le plaisir du spectateur, car l'abattage d'Audrey Fleurot est efficace et sympathique, mais ce qui modère nettement aussi la valeur de cette création aux ambitions restreintes et à la répétitivité fâcheuse. 
   
Bernard Sellier