Carrie, film de Brian de Palma, commentaire

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Carrie,
     1976, 
 
de : Brian  de Palma, 
 
  avec : Sissy Spacek, Piper Laurie, John Travolta, Amy Irving, Nancy Allen, William Katt, P.J.Soles,
 
Musique : Pino Donaggio


 
Carrie White (Sissy Spacek) n'est pas une adolescente comme les autres. Sa mère, Margaret (Piper Laurie), obsédée par le Mal et le Péché, passe son temps à évangéliser ses voisins, et à prier pour que Satan ne prenne pas possession de sa fille. Un jour, à la suite d'un cours de gymnastique, Carrie découvre que du sang coule de son ventre. N'ayant jamais entendu par ler des règles, elle est affolée, ce qui provoque une moquerie généralisée et agressive de ses collègues de lycée. Le professeur, Miss Collins (Betty Buckley), outrée de l'attitude de ses élèves, les punit sévèrement. L'une d'elles, Chris Hargensen (Nancy Allen), refuse la sanction et prépare soigneusement une vengeance contre Carrie... 
 
 Contrairement à "Obsession", sorti la même année, le scénario de "Carrie" suit une trajectoire aussi simple qu'implacable. Traumatisée jusqu'à la moelle par une mère complètement disjonctée, qui voit le péché dans tous les actes et pensées de la vie quotidienne, la malheureuse adolescente est en quête désespérée d'une étincelle d'amour et de reconnaissance. Le choix de Sissy Spacek se révèle particulièrement judicieux. Jouant sur toutes les cordes de l'émotion, elle incarne son personnage, tant physiquement que psychologiquement, avec une vérité, une incandescence inoubliables. Tous les effets artistiques qui sont la marque du réalisateur sont ici présents, mais intégrés avec art à la tragédie. Les ralentis (un début sous la douche, bercé par l'envoûtante musique de Pino Donaggio, qui sera repris, quatre ans plus tard, dans "Pulsions"), une caméra virevoltant autour du couple Carrie-Tommy Ross (William Katt) en train de danser, ces moments de grâce établissent un contraste abrupt avec les séquences cruelles qui se préparent dans l'ombre. Ici, pas de dégénérés irradiés jusqu'aux os par d'hypothétiques radiations ("La colline a des yeux"), pas de tueur sanguinaire qui multiplie les immolations sadiques. Une jeune fille qui est, ou devrait être, l'incarnation de la pureté, de l'amour, et qui, par le pouvoir mortifère de l'obsession culpabilisatrice d'une mère, se transforme en une furie incontrôlable. Trente ans après, l'œuvre n'a rien perdu de son efficacité, et l'émotion générée est toujours aussi intense...
   
Bernard Sellier