Obsession, film de Brian de Palma, commentaire

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Obsession,
          1976, 
 
de : Brian  de Palma, 
 
  avec : Cliff Robertson, Geneviève Bujold, John Lithgow, Wanda Blackman,
 
Musique : Bernard Herrmann

 
 
Michael Courtland (Cliff Robertson) est un heureux promoteur de La Nouvelle Orléans. Il a épousé la charmante Elizabeth (Geneviève Bujold) et a une fillette, Amy (Wanda Blackman), âgée de 9 ans. Mais un soir, après une fête donnée en l'honneur de leur dixième anniversaire de mariage, tout bascule. Sa femme et sa fille sont kidnappées et une forte rançon est demandée. Aidé par son associé, Robert Lasalle (John Lithgow), Michael réunit la somme, mais, sur le conseil de la police, place un émetteur radio dans la valise des billets. Cernés par les autorités, les truands fuient en voiture en emmenant les deux captives. Mais un camion citerne barre la route et c'est l'explosion. Seize ans plus tard, inconsolable, Michael se rend à Florence où il a connu Elizabeth. Dans une église, il aperçoit avec stupéfaction une jeune femme occupée à restaurer une fresque : elle est le portrait de son épouse... 
 
 L'année 1976 voit sortir à la fois ce film et celui qui lancera définitivement la carrière de De Palma, "Carrie". Étrange juxtaposition, car même si les deux oeuvres ont en commun la vengeance d'une femme, leur traitement cinématographique est fort différent. Alors que "Carrie" verse dans l'horreur pure et le spectaculaire sanguinolent, "Obsession" joue la carte de l'intimisme, de la souffrance intérieure étouffée, du romantisme lyrique. Bien plus qu'à l'intrigue en elle-même, d'ailleurs assez nébuleuse quant aux motivations et douteuse quant à la vraisemblance , le réalisateur s'attache au lien amoureux qui persiste à travers les ans, à tout jamais momifié par le remords et la culpabilité. Si le choix de Geneviève Bujold, adorablement juvénile et mutine, se révèle excellent, celui de Cliff Robertson pose davantage problème. Son visage figé et peu expressif, avec un faux air de Sean Connery, pour conforme qu'il soit à l'état intérieur du personnage, taciturne et renfermé sur sa douleur, génère par moments une étrange insipidité au cœur de cette tragédie dont on sent la palpitation souterraine violente. L'atmosphère s'apparente parfois à celle de "Rebecca" sans en atteindre la profondeur quasi métaphysique.  
 
 Ce film, tour à tour inquiétant, méditatif, enfiévré, languide, laisse une impression étrange d'inabouti, de réprimé, comme si le réalisateur n'avait pas encore franchi le pas qui lui permettra de descendre dans les abîmes psychologiques de "Pulsions", sorti quatre ans plus tard. L'ensemble est presque sage, en-deça de ce qu'on aurait pu attendre d'un tel drame visité par Brian de Palma. Mais le final, avec la caméra valsant autour des protagonistes, est superbe...
   
Bernard Sellier