Cloud Atlas, film de Andy et Lana Wachowski, commentaire

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Cloud Atlas,
      2012,  
 
de : Andy & Lana  Wachowski, Tom  Tykver, 
 
  avec : Tom Hanks, Halle Berry, Jim Broadbent, Hugo Weaving, Ben Whishaw, Hugh Grant, Susan Sarandon, Keith David,
 
Musique : Reinhold Heil, Tom Tykver, Johnny Klimek


 
Sur une durée de plusieurs siècles, le film suit un certain nombre de personnages qui, liés par les actions commises, se retrouvent périodiquement pour vivre les conséquences de leurs actes... 
 
 À la vision de cette oeuvre tentaculaire, hybride, démesurée par certains choix, on ne peut que trouver effroyablement simplistes les tentatives de Claude Lelouch pour relier passé et présent à travers des destins entrelacés. Dans le cas présent, autant l'avouer d'emblée, la première heure est une torture mentale. L'intellect tente désespérément de dénicher par-ci par-là un lien, un fil d'Ariane aussi ténu soit-il pour associer les bribes d'événements et une foultitude de personnages qui semblent n'avoir aucun point commun entre eux. Peu à peu, très progressivement, le spectateur attentif parvient à juxtaposer, à travers le temps et l'espace, quelques noms, quelques orientations dramatiques. Mais dire que le puzzle se met en place pour un tableau final immaculé est totalement impossible. Des lignes directrices se dessinent : la soif de liberté, le pouvoir de transcender les conventions, les répercussions karmiques des actions. Pourtant, sans doute en raison de son ambition et de sa prétention démesurées, l'oeuvre ne parvient jamais, dans sa globalité, à provoquer un enthousiasme émerveillé. Seules quelques séquences, prises isolément parviennent à ce résultat. 
 
 C'est d'ailleurs dans ce phénomène que réside le handicap majeur du film. Sa complexité sape en grande partie la portée grandiose espérée. Les différents épisodes, qui mettent en scène des individualités réincarnées subissant le contrecoup de leurs actions, ne parviennent pas à s'enrichir mutuellement. Les parties sont parfois riches, éblouissantes visuellement (les scènes en 2144), mais leur fusion ne réalise jamais ce qui devait être le but : offrir un tableau dont la puissance et la beauté sont supérieures à la somme des parties. Les créateurs ont-ils eu eux-mêmes une vision claire de l'écheveau qu'ils déroulaient ? Ce n'est pas évident, d'autant plus que le style et les pôles d'attraction des Wachowski ("Matrix") et de Tom Tykver ("Le parfum", "Heaven"), ne paraissent pas immédiatement miscibles. Ce qui est certain, c'est qu'une demi-douzaine de visions seraient sans doute indispensables pour établir une cartographie compréhensible de ces éclats de vie. Il n'empêche que ce foisonnement somptueux, ce délire grandiloquent, cette frénésie de vouloir coûte que coûte, au prix de grimages parfois excessifs, tisser une toile d'araignée humaine à travers les âges, ne peuvent que fasciner par leur hypertrophie et leur excès.
   
Bernard Sellier