Damien : la Malédiction II, film de Don Taylor, commentaire

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Damien : la malédiction II,
    (Damien : Omen II),     1978 
 
de : Don  Taylor, 
 
  avec : William Holden, Lee Grant, Jonathan Scott-Taylor, Nicholas Pryor, Robert Foxworth, Lew Ayres, Lance Henriksen,
 
Musique : Jerry Goldsmith


 
À la suite de la mort de ses "parents", Damien (Jonathan Scott-Taylor) est recueilli par son oncle, Richard Thorn (William Holden), PDG d'une importante entreprise américaine. Carl Bugenhagen (Leo McKern), archéologue et exorciste, qui a découvert que le jeune garçon n'est autre que le futur AntéChrist, meurt avant d'avoir pu faire prévenir Richard. Damien et son cousin Mark (Lucas Donat), fils d'un premier mariage de son père, intègrent la prestigieuse Académie Militaire Davidson. Pendant ce temps, Paul Buher (Robert Foxworth), l'un des responsables de l'entreprise Thorn, souhaite faire adopter de nouvelles orientations qui ne sont pas du goût de Bill Atherton (Lew Ayres), le fidèle second de Richard... 
 
 Si le premier opus ("La Malédiction") oeuvrait dans la suggestion et la sobriété, le second amorce un changement de cap radical, tant dans la construction scénaristique que dans le style. La tragédie intimiste, vécue par l'Ambassadeur Robert Thorn, laisse ici la place à une floraison d'actions secondaires, de drames divers, qui permettent d'accumuler les décors variés ou menaçants, les personnages éclectiques, et de multiplier les sources de suspense ou d'horreur. Cette dispersion, cette complexification de la trame, apportent sans doute un sang neuf à l'histoire, mais leur principal effet est de mettre en exergue les défauts concomitants : le symbolisme, qui se fait grossier (le corbeau omniprésent) ; la prévisibilité des événements, qui, rapidement, peuvent être devinés dix minutes à l'avance ; la répétitivité des morts à laquelle, seule, la limite de temps réservée au film, peut mettre fin ; la croissance de l'horrifique qui fait pencher la réalisation vers une exploitation mercantile du sanguinolent... En somme, l'histoire est, avant la lettre, une sorte de "Destination finale", sérieuse et léchée. Sans être réellement indigne, ce deuxième volet prouve que l'accumulation de morts violentes n'est pas forcément la clé de l'angoisse. Le spectateur s'accoutume rapidement à la routine, et l'attente excitée, extérieure, du mode d'exécution suivant, remplacera très vite la terreur profonde, viscérale, que générait, par exemple, le malaise latent qui gangrenait la vie sereine du couple Thorn dans l'épisode précédent. Les coups de bélier sonnent la première ou la seconde fois. A la troisième, ils ont perdu toute puissance. La corrosion intérieure est beaucoup moins spectaculaire, mais son action est durable et progressive. 
 
 Pour synthétiser, disons que la première partie décrivait la vie normale d'un couple, dans laquelle s'insèraient des événements diaboliques, et que cette seconde partie multiplie les événements diaboliques, autour desquels se greffent, plus ou moins artificiellement, un certain nombre de séquences de vies normales. Cela dit, l'ensemble possède tout de même une tenue et une efficacité certaines, malgré l'aspect un peu frelaté du scénario, ainsi qu'un choix étrange de l'acteur, relativement impersonnel, qui incarne Damien.
   
Bernard Sellier