Le dernier Roi d'Ecosse, film de Kevin Macdonald, commentaire

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Le dernier roi d'Écosse,
     (The last king of Scotland),      2006,  
 
de : Kevin  Macdonald, 
 
  avec : Forest Whitaker, James McAvoy, Kerry Washington, Gillian Anderson, David Oyelowo, Chris Wilson, Simon McBurney,
 
Musique : Alex Heffes

   
 
1970. Nicholas Garrigan (James McAvoy), un jeune Ecossais, décroche son diplôme de médecin. Aussitôt, il décide de quitter sa patrie et de se rendre dans un pays du monde choisi par hasard. Ce sera l'Ouganda. Lorsqu'il arrive sur place, un coup d'état vient d'avoir lieu, orchestré par le Général Idi Amin Dada (Forest Whitaker). Nicholas a choisi d'intégrer un service médical de brousse, dirigé par le docteur Merrit (Adam Kotz). Malgré l'attirance qu'exerce sur le jeune homme l'épouse de celui-ci, Sarah (Gillian Anderson), Nicholas, peu enthousiasmé par la misère qu'il côtoie, finit par accepter de devenir le médecin du nouveau chef d'état, qu'il avait soigné lors d'un petit accident d'automobile... 
 
 La première surprise naît du choix de James McAvoy pour incarner ce toubib au destin hors du commun. Certes le côté immature que le scénario lui prête convient fort bien au jeune homme, mais son allure d'ado mal dégrossi laisse planer un doute certain sur sa capacité à exister dans le film autrement que comme un fétu de paille. Au fur et à mesure que le drame avance, les craintes sont levées... partiellement. Car, si le jeu de l'acteur est tout à fait convaincant, son look de gamin gêne tout de même en permanence. Le problème du choix de l'acteur ne se pose pas, en revanche, pour Forest Whitaker ! Outre le fait qu'il possède un physique proche de celui du dictateur, Capable d'exceller dans des incarnations aussi diverses que le petit truand de "Panic Room", le tueur à gages "samouraï" de "Ghost Dog", en passant par le soldat humaniste de "The crying game", il se montre ici tellement époustouflant de vérité qu'on se demande si ce n'est pas un clone inconnu d'Amin Dada qui évolue devant nos yeux. Très intelligemment, le scénario tarde à nous présenter le véritable visage du dictateur. Pendant un long moment, nous voyons évoluer un personnage, certes colérique, mais en apparence bonhomme, presque patelin, simple, sachant à l'occasion faire le clown, bref un bon papa gâteau à la démagogie sympathique. C'est donc avec d'autant plus d'horreur que, habitués à contempler cette face lunaire avenante, nous découvrons, en même temps que le naïf Nicholas, le pouvoir dissimulateur du dictateur et la bestialité sauvage d'une nature foncièrement cruelle, qui a réussi l'exploit de massacrer 300 000 Ougandais en l'espace de 9 ans ! 
 
 Indispensable.
   
Bernard Sellier