Diva, film de Jean Jacques Beineix, commentaire

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Diva,
      1981, 
 
de : Jean-Jacques  Beineix, 
 
  avec : Frédéric Andréi, Roland Bertin, Richard Bohringer, Gérard Darmon, Dominique Pinon, Wilhelmenia Fernandez, Jacques Fabbri, Chantal Deruaz, 
 
Musique : Alfredo Catalani, Vladimir Cosma


 
Jules (Frédéric Andréi) est un jeune facteur. Il porte une admiration sans bornes à la célèbre cantatrice noire, Cynthia Hawkins (Wilhelmenia Fernandez). Celle-ci donne justement un récital à Paris. Jules y assiste, enregistre en secret, et s'empare de la robe que portait la diva au cours de la soirée. Mais il a été observé par deux Chinois qui entrevoient là un moyen d'exercer un chantage sur Cynthia. Celle-ci a toujours refusé catégoriquement d'enregistrer un disque. Ce "live" pirate leur procure une chance inespérée : soit elle accepte de signer un contrat légal, soit ils diffusent dans des conditions médiocres, la bande captée à son insu. Pendant que ces événements se déroulent, une jeune prostituée, Nadia (Chantal Deruaz), qui était sur le point de livrer des informations à la police sur l'identité du responsable d'un gigantesque trafic de femmes et d'héroïne, est assassinée à sa sortie de la gare par "l'Antillais" (Gérard Darmon). Mais, avant de mourir, elle a eu le temps de placer une cassette comportant ses aveux, dans la sacoche de Jules, qui ne s'est aperçu de rien... 
 
 Le scénario est un peu alambiqué, voire boursouflé, tant au point de vue composantes qu'au point de vue traitement visuel. Mais cet embonpoint ne lui va finalement pas si mal. Il procure à cette histoire multi-directionnelle une personnalité forte, originale, susceptible de plaire ou de hérisser. D'un petit polar très classique, le réalisateur tire une fresque haute en couleurs, peuplée de personnages funambulesques (la palme revenant à Richard Bohringer, sorte d'illuminé pseudo-mystique hurluberlu, vivant dans un décor psychédélique et faisant la cuisine avec un masque de plongée !), qui déambulent dans des environnements hautement fantaisistes. Tout cela tient un peu de la bande dessinée, tout en faisant la part belle à quelques incursions poétiques (la promenade de Jules et de Cynthia dans les jardins au petit matin). Bien avant "37°2, le matin", Beineix affichait déjà son goût prononcé pour les associations de styles a-priori incompatibles : polar, lyrisme, idéalisme, humour noir, romantisme, onirisme, clins d'oeil cinéphiliques (à Marilyn Monroe). Mais nous sommes ici loin du dépouillement qui fera la grâce exceptionnelle du film sus-nommé. Sans atteindre les délires créatifs de Jean-Pierre Jeunet dans "La cité des enfants perdus", "Diva" regorge de trouvailles visuelles, de séquences extravagantes, et fournit à Dominique Pinon l'occasion de composer, avec Gérard Darmon, un duo de tueurs mémorables. Dommage que Frédéric Andréi soit un tantinet effacé. Et n'oublions pas que le film a fait connaître au grand public la merveilleuse aria " Ebben ? ne andro lontana", extraite de l'opéra "La Wally", d'Alfredo Catalani.
   
Bernard Sellier