En cloque, mode d'emploi, film de Judd Apatow, commentaire

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En cloque mode d'emploi,
      (Knocked up),   2007, 
 
de : Judd  Apatow, 
 
  avec : Seth Rogen, Katherine Heigl, Paul Rudd, Leslie Mann, Jay Baruchel, Harold Ramis, Alan Tudyk,
 
Musique : Joe Henry, Loudon Wainwright III


 
Ben Stone (Seth Rogen) est un jeune immigré canadien qui subsiste en tentant de créer, avec quelques coapins, un site Internet sur les stars dénudées. Il rencontre un soir, dans une boîte, Allison Scott (Katherine Heigl), une jolie blonde qui fête, en compagnie de sa soeur Debbie (Leslie Mann), sa prochaine promotion dans la chaîne télé qui l'emploie. Quelques cocktails plus tard, Ben et Allison se retrouvent au lit. Mais, quelques semaines plus tard, ce qui n'aurait dû être qu'une erreur ponctuelle, devient une tragédie : la jeune femme est enceinte et cette situation risque d'être fort mal vue par le responsable de la chaîne, Jack (Alan Tudyk)... 
 
 Fidèle à son goût pour le mélange du trash et du sentimental, Judd Apatow explore cette fois-ci l’influence d’une grossesse inopinée sur le tempérament et les relations de deux personnages immatures, dotés de caractères opposés. A gauche un branleur professionnel, ni frais ni beau, qui passe son vaste temps libre à fumer des joints en compagnie de ses potes aussi allumés que lui. A droite, une jeune et jolie damoiselle, blonde sans être pour autant complètement nunuche, qui rêve d’une carrière brillante à la télévision. Quelques verres de trop et l’irréparable arrive. Ensuite, le spectateur a droit, durant deux (très) longues heures, au traditionnel défilé des poncifs habituels. Affres devant la future maternité, affres devant la future paternité, colères, brouilles, réconciliations, re-brouilles, re-collages… Au fur et à mesure que l’histoire s’étale, le volume de l’intérêt devient inversement proportionnel à celui du ventre d’Allison ! Bref, ça n’en finit plus jusqu’à un dénouement correctement consensuel qui survient alors que le sommeil a déjà gagné le spectateur de plus de quarante ans.  
 
 Pourtant les acteurs offrent une incarnation sympathique de leurs personnages, Seth Rogen est particulièrement bien choisi, les quelques incursions dans le graveleux savent rester limitées, mais l’ensemble est décidément bien trop pâle, bien trop transparent pour accrocher l’attention de ceux qui ont quitté depuis longtemps l’état post-ado. Tout est convenu, gentillet même dans la verdeur, attendu. Lorsqu’on lit parfois que Judd Apatow est un nouveau Frank Capra, on croit rêver ! Celui-ci possédait une verve, une intelligence, un sens du rythme, de la jubilation qui sont, pour l’heure, totalement étrangers au réalisateur de «40 ans, toujours puceau». Mais sait-on de quoi l’avenir sera fait ? Qui aurait pu deviner que le Clint Eastwood de « Pour une poignée de dollars » nous offrirait un jour «Mystic River», «Lettres d’Iwo Jima», ou «Million Dollar Baby» ?...
   
Bernard Sellier