En thérapie, Saison 1, série d'Olivier Nakache, Éric Toledano, commentaire

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En thérapie,
       Saison 1,    2021, 
 
de : Olivier  Nakache, Éric  Toledano, 
 
  avec : Frédéric Pierrot, Elsa Lepoivre, Mélanie Thierry, Reda Kateb, Carole Bouquet, Clémence Poesy, Pio Marmaï, Céleste Brunnquell,
 
Musique : Yuksek


 
Ne pas lire avant d'avoir vu la série

 
Novembre 2015. L'attentat du Bataclan vient de se produire. Dans le cabinet du psychanalyste Philippe Dayan (Frédéric Pierrot), défilent nombre de patients. Il y a Ariane (Mélanie Thierry), jeune chirurgienne à l'hôpital Saint-Antoine, Adel Chibane (Reda Kateb), chef de groupe à la BRI, Camille (Céleste Brunnquell), qui vient d'avoir un accident à bicyclette, Damien (Pio Marmaï) et sa femme Léonora (Clémence Poesy), qui se déchirent autour d'une grossesse...

 Ce remake français de la série israëlienne «Be Tipul», sortie en 2005, est construit sur le principe simple des consultations effectuées par un thérapeute renommé, incarné avec autant de subtilité que de sensibilité, par Frédéric Pierrot. Les sujets sont divers, mais incontestablement marqués par le drame survenu quelques jours plus tôt. Le choix d'une durée des épisodes divisée par 2 par rapport à la norme des séries est une excellente initiative, car, bien que l'écriture scénaristique réussisse à rendre vivantes des consultations qui, en général, ne le sont pas dans la vraie vie, le confinement de la caméra dans un lieu clos pourrait vite venir à bout de la patience du spectateur. Ce n'est jamais le cas. La qualité avec laquelle ces instantanés de vie sont exposés est constante, même si la brièveté des séances impose un resserrement des échanges et une mise en lumière accélérée des manipulations mentales intérieures, qui, dans une thérapie normale, s'étaleraient sur des mois, voire des années, pour que la conscientisation s'opère. L'écriture scénaristique est d'une grande richesse, toujours très profonde, brillante, d'une évolutivité éminente, quelquefois étonnante, par exemple lorsque certains patients prennent la direction de l'entretien, ce qui n'est pas très conventionnel. En sus de ces séances de thérapie, s'ajoute, lors des échanges entre Philippe et son ancien mentor, la glaçante Esther (Carole Bouquet), une réflexion captivante sur le bien-fondé des dogmes psychanalytiques, de leur rigidité, versus une approche thérapeutique prenant en compte les tripes et le coeur.

 Tous les intervenants sont d'une justesse remarquable, avec une mention particulière pour Reda Kateb (qui constitue l'intérêt majeur du récent «Possessions») et la jeune Céleste Brunnquell, vue il y a peu et fort appréciée dans le film de Sarah Suco, «Les éblouis». Ce qui n'empêche nullement la fougueuse Ariane ou encore le couple volcanique, particulièrement gratiné, composé par Léonora (Clémence Poésy) - Damien (Pio Marmaï), d'occuper leurs espaces thérapeutiques avec un dynamisme éruptif hautement excitant.

 Une réussite «éblouissante», parfois miraculeuse de justesse émotionnelle (l'épisode 26), qui juxtapose avec un bonheur constant drames, joies, troubles, colères, incompréhensions, rancoeurs, détresses, tout ce qui compose la richesse intérieure humaine...

   
Bernard Sellier