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L'enquête,
     ( The international ),      2009, 
 
de : Tom  Tykwer, 
 
  avec : Clive Owen, Naomi Watts, Armin Mueller-Stahl, Ulrich Thomsen, Brian F. O'Byrne, James Rebhorn, Patrick Baladi,
 
Musique : Tom Tykwer, Reinhold Heil, Johnny Klimek

 
   
Depuis plusieurs années, Louis Salinger (Clive Owen) enquête, d'abord pour Scotland Yard, puis pour un Procureur new-yorkais, sur l'implication d'une grande banque luxembourgeoise, L'IBBC, dans le blanchiement d'argent et la vente internationale d'armes. Après la mort plus que suspecte de son coéquipier Thomas (Ian Burfield) à Berlin, Salinger décide d'affronter directement le Président de la banque, Jonas Skarssen (Ulrich Thomsen), suite à l'accident dont a été victime l'un de ses directeurs financiers, André Clément (Georges Bigot). Mais cette initiative ne donne pas davantage de résultats que les précédentes... 
 
   Le dernier film du réalisateur de "Heaven" et du "Parfum" ne révolutionne peut-être pas le genre qu'il aborde ( le thriller, ici politico-financier ), mais il s'installe à l'évidence près des sommets atteints par les réussites majeures du genre. Tout d'abord sur le plan du suspense et de l'action en elle-même. Tendue comme un arc, l'intrigue ne laisse pas au spectateur un instant de répit, tandis que le moment de "bravoure", situé dans le décor en colimaçon, très original, du musée Guggenheim, et monté de manière fort lisible ( ce qui est de plus en plus rare ), rappelle celui, mémorable, de "Heat". Sans compter que Clive Owen se montre tout à fait convaincant dans le registre de l'enquêteur jusqu'au boutiste. Mais les séquences adrénalinogènes étant devenues monnaie courante aujourd'hui, c'est dans le fond de l'histoire que se niche le plus passionnant. Cette plongée en apnée au coeur du monde souterrain des multinationales et des empires financiers, qui n'a rien de fictionnel, hélas, démontre avec une évidence écoeurante, à quel point l'ensemble du monde est définitivement gangrené de l'intérieur. Et, comme le souligne avec justesse le personnage trouble qu'incarne Armin Mueller Stahl, sans aucun espoir de retour, puisque terriens, nations, et systèmes politiques appartiennent désormais à un système qui n'existe que pour le profit. Le dénouement, à travers une action volontairement dérisoire, signe d'ailleurs, mieux que toute explication, l'impuissance criante de la justice et du droit face à une pieuvre indestructible, qui musèle la planète entière. 
 
   Très efficace, voire par moments tétanisant à l'extérieur et terrifiant sur le fond.
   
Bernard Sellier