Les enquêtes du département V : Dossier 64, film de Christoffer Boe

  Bienvenue sur le site d'un manipulateur de mots, passionné d'écriture, de cinéma, de musique, d'ésotérisme...     

Enquêtes du département V : dossier 64,
     (Journal 64),     2018, 
 
de : Christoffer  Boe, 
 
  avec : Nikolaj Lie Kaas, Soren Pilmark, Fares Fares, Clara Rosager, Fanny Bornedal, Luise Skov, Johanne Louise Schmidt,
 
Musique :  Anthony Lledo, Mikkel Maltha


   
Ne pas lire avant d'avoir vu le film

   
Carl Morck (Nikolaj Lie Kaas), enquêteur à la criminelle, est confronté à la découverte de trois cadavres, emmurés depuis 12 ans dans un appartement de Copenhague. Il découvre qu'il s'agit de personnes ayant un rapport avec une île dans laquelle, plusieurs décennies auparavant, étaient retenues prisonnières des jeunes filles dont le comportement était jugé déviant... 
 
   Les trois premières enquêtes de ce "département V" possédaient toutes une puissance dramatique incontestable. Mais, dans ce nouveau "dossier", un degré supplémentaire est franchi. La construction et l'atmosphère n'ont guère changé. Tout est sombre, les paysages tout comme les personnages, avec un Carl Morck plus ours mal léché et agressif que jamais. On pourrait même trouver, en ergotant un peu, qu'il en fait beaucoup dans ce registre. La réalisation est classique et l'enquête est conforme à celles que nous avons suivies dans "Délivrance", "Profanation" et "Miséricorde". Mais cequi fait l'envoûtement et l'intensité tragique de ce drame, c'est évidemment le fait qu'il soit une illustration bouleversante de ce que le gouvernement danois a fait subir à une partie de sa jeunesse au sortir de la seconde guerre mondiale. Sous le prétexte de corriger les déviances de certaines jeunes femmes, des médecins "bien intentionnés" torturaient leurs patientes et les stérilisaient sans qu'elles soient informées de cette "opération". Mais le pire, (est-ce un reflet de la réalité ou une fiction des scénaristes ?) est que, bien après la fermeture de ces centres, la pratique se poursuivait, notamment sur les personnes issues de l'immigration. Dire que le destin de la malheureuse Nete (Fanny Bornedal) révulse n'importe quel humain digne de ce mot, est une faible expression. Sans tomber dans le sordide, le film offre au spectateur une vision réaliste et horrifique de ces crimes qui dépassent l'imaginaire négatif pourtant fertile de l'être humain. 
 
   Terrible mais indispensable.
   
Bernard Sellier