Bienvenue sur le site d'un manipulateur de mots, passionné d'écriture, de cinéma, de musique, d'ésotérisme...     

Equals,
      2015, 
 
de : Drake  Doremus, 
 
  avec : Nicholas Hoult, Kristen Stewart, Scott Lawrence, David Selby, Nathan Parker, Aurora Perrineau,
 
Musique : Dustin O'Halloran, Sascha Ring, Franz Schubert


   
Ne pas lire avant d'avoir vu le film.

   
Dans un avenir indéterminé, la grande guerre a détruit la majeure partie des villes. Sur terre, subsistent une péninsule, habitée par des déviants gouvernés par leurs émotions, et par un 'collectif', composé de 'privilégiés' qui ont subi une modification génétique pour ne plus ressentir aucune émotion. Mais certains sont atteints par une maladie, le SOS... 
 
   Autrement dit le 'syndrome d'ouverture sensitive' ! Ce qui, bien évidemment, est une menace pour l'ordre établi. Il est amusant et intéressant que le 'hasard' fasse que le visionnage de ce film, qui n'est pas sans évoquer "Bienvenue à Gattaca", suive immédiatement celui de "Mommy". Car, si les deux atmosphères n'ont rien de commun, la comparaison entre les deux approches de l'humain se montre particulièrement enrichissante. Peut-on imaginer représentations plus opposées ? Dans le film de Xavier Dolan, si la sensibilité est présente, cesont tout de même les extériorisations débridées, voire hystériques, qui mènent la danse. Dans le cas présent, c'est une chape de plomb qui écrase la moindre velléité de manifestation émotionnelle. L'ensemble du récit, très parallèle à l'histoire de Roméo et Juliette, est placé sous le signe de la répression. Et, paradoxalement, mais ce n'est là qu'une sensation radicalement subjective, l'émotion qui jaillit de cet étouffement se révèle infiniment plus bouleversante que celle qui est censée naître des révoltes volcaniques du Steve de "Mommy". Le devenir de Silas (Nicholas Hoult) s'apparente à celui d'un malade atteint d'Alzheimer, ce qui représente, pour le conjoint amoureux, une situation pire que celle d'une mort physique. 
 
   Il va de soi que si l'on quitte l'aspect purement émotionnel, le film de Drake Doremus se montre très classique, anti spectaculaire, fort éloigné des fulgurances affichées par Xavier Dolan. Il est fort vraisemblable que le budget a été serré. Mais, dans ce type d'oeuvre, comme c'était le cas par exemple pour la série "Trepalium", ce n'est aucunement un handicap, puisque la froideur des décors s'accorde pleinement avec la déshumanisation qui règne en maîtresse. Rien de très novateur, donc, mais une revisite du mythe éternel des amants pleine de sensibilité et de richesse émotionnelle.
   
Bernard Sellier