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Eyes wide shut,
       1999, 
 
de : Stanley  Kubrick, 
 
  avec :  Nicole Kidman, Tom Cruise, Sydney Pollack, Todd Field, Leelee Sobieski, Julienne Davis, Marie Richardson,
 
Musique : Jocelyn Pook



   
Alice (Nicole Kidman) est la charmante épouse du jeune, riche et séduisant docteur William Harford 'Tom Cruise). Au cours d'une réception mondaine donnée par leur ami Victor Ziegler (Sydney Pollack), tous deux sont confrontés à la tentation de l'adultère, sans que celui-ci soit réalisé. Le lendemain, William rencontre son ancien compagnon de Faculté, Nick Nightingale (Todd Fiel), devenu pianiste à la carte. Pendant leur entretien, Nick reçoit le mot de passe lui donnant accès à une soirée très "privée" durant laquelle, yeux bandés, il lui est demandé d'exercer son art. Intrigué au plus haut point, William décide de s'introduire dans le cercle mystérieux. Il découvre alors un monde étrange, inquiétant, dans lequel une sexualité débridée s'exerce sans limites... 
 
   En un très petit nombre d'oeuvres, (une quinzaine en un demi-siècle), Stanley Kubrick a abordé des domaines fort divers, allant de la science-fiction ("2001, Odyssée de l'Espace"), à la satire ("Docteur Folamour"), en passant par le pamphlet anti-militariste ("Full Metal Jacket"), l'horreur (le génial "Shining"), ou encore la biographie historico-psychologique ("Barry Lyndon"). Auréolé d'un statut de réalisateur "culte" que, pour ma part, je n'ai jamais très bien compris, il a laissé en testament ce film étrange, dans lequel Tom Cruise, accompagné de son épouse d'alors, Nicole Kidman, (qui, entre parenthèses, n'a jamais été aussi "craquante"), visite les fantasmes souterrains que l'inconscient se plaît à disposer sur le chemin d'un couple "normal". Fidèle à son style, Kubrick semble filmer au ralenti, en état quasi-somnambulique, ce voyage dans les profondeurs de l'âme humaine, ce qui, reconnaissons-le, est en harmonie avec l'état général "shooté" dans lequel Tom Cruise traverse l'histoire. Dans la majorité de ses réponses, il commence par répéter la question que vient de lui poser son interlocuteur. Si la partie intime, dans laquelle William et Alice se voient confrontés à leurs attirances ténébreuses, est finement transcrite visuellement et oralement, la fraction pseudo érotico-fantastique, façon orgies vénitiennes du dix-septième siècle, se révèle franchement ridicule en 1999. Peut-être n'aurait-ce pas été le cas il y a une quarantaine d'années. Mais, c'est là d'ailleurs le problème de certaines oeuvres, dont "Orange Mécanique" est un bon exemple, le vieillissement se montre parfois impitoyable avec certaines créations... Quant au dénouement, il laisse aussi perplexe que frustré... 
 
   Mais quel merveilleux travail, dans chaque séquence, sur les coloris oscillant entre bleus profonds et oranges lumineux. Du grand art !
   
Bernard Sellier