La fille de Kiev, saison1 de Marjan Alcevski, commentaire

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La fille de Kiev,
      Saison 1,    (Zlomovchannya),     2021,  
 
de : Marjan  Alcevski, 
 
  avec : Kseniya Mishina, Goran Bogdan, Darko Milas, Sandra Loncaric, Viktor Saraykin, Dariana Dontsova,
 
Musique : --

 Ne pas lire avant d'avoir vu la série

 
Osijek, Croatie. Une jeune fille mineure est retrouvée noyée par un ancien militaire, faible d'esprit. Les deux inspecteurs, Vladimir Kovac (Darko Milas) et Vesna Horak (Sandra Loncaric) l'arrêtent et l'interrogent. Pendant ce temps, la richissime épouse du futur Ministre de l'Intérieur, Olga (Kseniya Mishina), présidente d'une association venant en aide aux jeunes, apprend que sa nièce Katia (Dariana Dontsova) a disparu...
 
 En quelques scènes, l'installation d'un drame tentaculaire est là dans toute sa sobriété narrative et dans toute son horreur. Le premier étonnement est de voir cette série sortir en 2023. Il y a une demi-douzaine d'années, plusieurs documentaires faisaient état de la corruption généralisée qui sévissait en Ukraine, plaque tournante de tous les trafics, sexuels, ou de drogues, voire d'organes. Puis, par la grâce soudaine de l'invasion du pays par la Russie, le pays est devenu un modèle de pureté, de démocratie et de blancheur immaculée. C'est donc avec un grand intérêt que l'on découvre cette histoire qui met en exergue les ramifications politico-économiques qui autorisent et utilisent ce trafic lucratif des êtres humains. L'adhésion est d'autant plus immédiate que le récit se construit de façon solide, sobre, profondément réaliste, grâce aussi à des personnages dont les tempéraments et les analyses psychologiques sonnent toujours justes. Que ce soit Kovac, obsédé par sa mère dépressive et mourante, Olga, ravagée par une culpabilité dont on découvrira in fine la teneur, Nicolaj (Viktor Saraykin), l'ancien policier qui revit dans la mission que lui confie Olga, ou encore la mystérieuse Vesna, toutes et tous habitent cette tragédie avec une intensité et une précision qui ne doit rien aux artifices rencontrés parfois dans ce genre de thriller. Le suspense est conduit avec une progression lente mais authentique, découvrant peu à peu que tous les protagonistes ne sont jamais totalement blancs. Une suite pourrait d'ailleurs être attendue, car la dernière scène laisse la porte ouverte à une telle possibilité.

 Une série dans la veine de « Matrioshki » ou « Trade, les trafiquants de l'ombre », qui me touche d'autant plus que le sujet est en partie en relation directe avec l'un des thèmes de mon dernier roman, « Matteo Varese ».
   
Bernard Sellier