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Matrioshki,
     Série,      2005, 
 
de : Guy  Goossens, 
 
  avec : Peter van den Begin, Axel Daeseleire, Tom van Dick, Zemyna Asmontaite, Indre Jaraite, Manou Kersting,
 
Musique : David Julyan

   
   
Elles s'appellent Cassandra, Deborah (Mila Lipner), Daria (Zemyna Asmontaite)... Elles ont entre 18 et 20 ans, habitent Vilnius, et rêvent de quitter leurs appartements pourris pour devenir danseuses à l'étranger. Elles acceptent l'offre de Raymond van Mechelen (Peter van den Begin), qui leur fait miroiter une tournée à Chypre et en Europe, malgré les avertissements d'un journaliste belge, Nico Maes (Lucas van den Eijnde), qui les met en garde contre le risque de voir le prétendu spectacle se transformer en prostitution forcée. Cassandra, consciente de la réalité, tente en vain de convaincre son amie Daria de rester en Lituanie. Pendant ce temps, l'inspecteur Clem de Donder (Stany Crets) enquête en Belgique sur l'exécution de deux prostituées russes... 
 
   Dans la mouvance de "Human Trafficking" ou de "Trade", cette série aborde le problème particulièrement douloureux de l'esclavage sexuel contemporain. Mais si les motivations des deux films précités semblaient claires et franches, celles de "Matrioshki" laissent planer quelques doutes. Assurément, l'horreur des situations dans lesquelles survivent les jeunes filles est patente. De même est montrée avec vraisemblance la politique des truands, consistant à semer la zizanie parmi leurs "recrues", là où il semblerait froidement logique et indispensable que la cohésion règne face à l'oppresseur, ainsi qu'une certaine acceptation désespérée d'un état sans porte de sortie. Mais en dehors de ces deux domaines, un certain flou baigne le récit. Si les créateurs ont souhaité peindre un pays et une société en déliquescence totale, ils ont réussi. Les personnages (à une ou deux exceptions près), qu'ils soient membres du gang, policiers, journalistes, ou hauts responsables, sont soit des pourris, soit des demeurés de première grandeur. Au point que nombre de protagonistes (la palme revenant au consternant Vincent), relèvent d'une caricature qui semblerait plutôt à sa place dans la filmographie des frères Coen ("Fargo", par exemple), que dans une série tragique qui souhaite dénoncer une abomination réelle. Raymond ne fait d'ailleurs pas exception à la règle, livrant une prestation, certes spectaculaire, mais répétitive et particulièrement voyante. Le plus gênant demeure tout de même le manque de progression dramatique, le scénario se contentant de passer de coups foireux en coups encore plus foireux, et, pire, d'aligner une suite de "spectacles" érotiques, non seulement peu utiles au récit, mais qui, à la longue, semblent relever d'une complaisance assez louche, voire de voyeurisme, d'autant plus qu'ils ont été choisis comme générique. Au final, une entreprise dont l'honnêteté n'est pas franchement évidente...
   
Bernard Sellier