La Fille de d'Artagnan, film de Bertrand Tavernier, commentaire

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La fille de d'Artagnan,
       1994, 
 
de : Bertrand  Tavernier, 
 
  avec : Sophie Marceau, Philippe Noiret, Claude Rich, Sami Frey, Jean-Luc Bideau, Charlotte Kady, Nils Tavernier, Pascale Roberts,
 
Musique : Philippe Sarde

  
   
Eloïse d'Artagnan (Sophie Marceau), fille du célèbre Mousquetaire, voit arriver un jour, dans le couvent provincial où elle a été placée, un noir blessé, bientôt repris par des soldats placés sous le commandement d'une mystérieuse femme en rouge, Eglantine de Rochefort (Charlotte Kady), qui est l'âme damnée du Duc de Crassac (Claude Rich). Celui-ci complote dans le but d'assassiner Louis XVI au moment de son sacre. Persuadée qu'un danger menace, Eloïse se rend à Paris, en compagnie du jeune poète, Quentin la misère (Nils Tavernier), afin de demander l'aide de son père. Mais celui-ci a pris sa retraite et le décider n'est pas chose aisée... 
 
   Depuis les chevauchées du charismatique Jean Marais ("Le Capitan", "Le Miracle des loups", "Le Bossu"...), mises en scène dans les années 60 par André Hunebelle, et quelques films de Bernard Borderie à la même époque, le cinéma français n'a pas donné de grandes oeuvres de cape et d'épée. C'est un comble, dans le pays qui a vu fleurir de géniaux romans, tels "les trois mousquetaires", "Vingt ans après" ou "le Vicomte de Bragelonne", de constater que ce sont les Etats-Unis, et George Sydney qui nous ont livré l'une des deux plus passionnantes versions des aventures de d'Artagnan, avec un inégalable Gene Kelly, l'autre étant celle de l'anglais Richard Lester ! La surprise n'est donc pas mince de voir Bertrand Tavernier, ( après "L627" ) que l'on n'attendait pas vraiment dans ce registre, se lancer dans les chevauchées d'une improbable fille du mousquetaire et de Constance Bonacieux ! Trahison sans doute, mais, contrairement au "Comte de Monte Cristo", par exemple, qui est une créations totale et parfaite dans son essence, les aventures du bretteur gascon peuvent se prêter à des développements fantaisistes non prévus par l'auteur.  
 
   Encore faut-il que le résultat soit à la hauteur des exploits que l'on prête au compagnon d'Athos. C'est là que le bât blesse cruellement. Si l'on excepte une belle distribution avec un Philippe Noiret toujours charmeur, un Claude Rich plaisamment déjanté, un Mazarin (Luigi Proietti) divertissant, il n'y a pas, on est triste de le dire, grand chose de positif à retenir de cette aventure poussive. L'intrigue, famélique, manque cruellement de mystère, d'intensité, de mordant. Le montage souffre d'une absence chronique de rythme. Quelques galops de chevaux interviennent ça et là, histoire de rappeler que nous sommes dans un film d'action, mais cela ne suffit évidemment pas à réveiller un cheminement pépère, noyé par des parlotes à n'en plus finir, de surcroît pas vraiment jouissives. Et, lorsque action il y a, elle est parfois disproportionnée avec son intérêt, témoin cette bataille sur le bateau, qui n'en finit pas, alors que son utilité est plus que secondaire.  
 
   L'ensemble est à l'image du d'Artagnan que l'on nous offre : vieilli, fatigué et soporifique. De plus, à mon sens, Sophie Marceau, bien que charmante, n'est pas véritablement à sa place dans cette oeuvre. Charlotte Kady, même dans un rôle secondaire, me paraît infiniment plus éminente. Une grosse déception !
   
Bernard Sellier