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La forme de l'eau,
     (The shape of the water),       2017, 
 
de : Guillermo  del Toro, 
 
  avec : Sally Hawkins, Michael Shannon, Richard Jenkins, Octavia Spencer, Michael Stuhlbarg, Doug Jones,
 
Musique : Alexandre Desplat

  
   
Les années 60 à Baltimore. Elisa Esposito (Sally Hawkins) est une jeune femme de ménage muette qui travaille au Centre de recherches aérospatiales. Elle est un jour témoin de l'arrivée d'un mystérieux coffre étanche. A la suite de la blessure subie par l'un des gardiens, Richard Strickland (Michael Shannon), elle se rend compte qu'une étrange créature amphibie est maintenue prisonnière. Un contact s'opère entre le 'monstre' et Elisa... 
 
   Guillermo del Toro est toujours fasciné par le fantastique ancré dans un contexte historique. C'était le cas par exemple de "L'échine du diable" ou du "Labyrinthe de Pan". Ici, nous sommes en pleine guerre froide tandis que la compétition pour la conquête spatiale fait rage entre les Etats Unis et l'URSS. La découverte d'une créature mystérieuse en Amazonie va bien sûr attirer la convoitise des Russes, d'autant plus que cet être a la capacité de vivre aussi bien dans l'eau que dans l'air. 
 
   Le premier constat évident est que l'oeuvre ne peut laisser indifférent. D'abord par son esthétique, à dominantes verdâtres, qui créent une atmosphère et un décor aussi insolites que fascinants. Ensuite par son mélange des genres. Nous sommes plongés visuellement, auditivement, dans l'univers des années soixante, avec sa série 'Bonanza', ses premières télés, son look très typé, ses enfants bien propres sur eux qui symbolisent le schéma archétypal de la famille américaine blanche et emprisonnée dans son glacis. Sans oublier ses personnages tout droit sortis des polars de l'époque. Et, dans cette mixture rétro cohabitent le fantastique, le thriller, la politique, la veine sociale, le romantisme exacerbé et jusqu'à la comédie musicale en noir et blanc. 
 
   Alors, il est évident que cette fricassée peut ne pas être de tous les goûts. D'autant plus que les individualités sont très typées, avec, au premier rang un odieux Strickland, incarné viscéralement par Michael Shannon, qui cumule le sadisme, la bêtise crasse, le racisme, le mépris outrancier, avec un réalisme glaçant, tout en faisant penser parfois à un personnage de dessin animé. Mais également une héroïne atypique, au physique disons... ingrat, et, de plus, muette. C'est dire la complexité de cette texture narrative à la fois dramatique, émouvante, originale, troublante, centrée sur l'empathie que l'on peut ressentir pour tout être, aussi impressionnant et redoutable soit-il au premier abord,mais aussi, avouons-le, parfois longuette, surtout dans la seconde partie. 
 
   En fait, si le cinéma est une usine à rêves, ce film se révèle vraiment une petite pépite du septième art.
   
Bernard Sellier