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Gemini man,
        2019, 
 
de : Ang  Lee, 
 
  avec : Will Smith, Clive Owen, Mary Elizabeth Winstead, Benedict Wong, Ralph Brown, Douglas Hodge,
 
Musique : Lorne Balfe

   
   
Harry Brogan (Will Smith) est le meilleur dans sa partie : tuer des cibles dans les conditions les plus difficiles. Après une soixante douzième exécution, alors qu'il souhaite prendre sa retraite, un écueil survient. Il apprend de son ami Jack (Douglas Hodge) que la victime n'était pas ce qu'on lui avait dit qu'elle était, à savoir un terroriste. Bien plus, ses employeurs semblent vouloir l'éliminer... 
 
   Bon, reconnaissons-le d'emblée, visuellement ça décoiffe. La juxtaposition de deux Harry Brogan à trente ans d'intervalle, c'est ébourriffant. Mais nous nous trouvons en face du même problème qu'avec "Gravity". Une fois le choc des images et du son encaissés, intégrés, que reste-t-il ? Car un film, c'est tout de même autre chose qu'un alignement de plans superlatifs. Même s'ils sont novateurs. 
 
   Or qu'avons-nous pour nous rassasier en tant que cinéphiles ou même simples amateurs d'aventures bien troussées ? Une histoire somme toute assez convenue de clones. Un sujet intéressant puisqu'au centre de nombreuses discussions éthiques en ce début de vingt-et-unième siècle, mais ici seulement effleuré. Une suite de cascades réussies, mais qui, aujourd'hui, sont d'une présence banale dans toute super production. Des dialogues réduits au strict minimum syndical. Une petite réflexion sur la paternité, c'est toujours mieux que rien. Mais surtout un scénario linéaire, ultra prévisible, qui ne surprend personne et ne cherche jamais à étoffer une intrigue déjà naturellement simpliste. Le personnage féminin n'est pas désagréable, même s'il se révèle très classique. Quant au destin du "méchant", il est expédié de manière aussi primaire que succincte. Ce qui interpelle le plus, c'est d'essayer de comprendre comment le Ang Lee hypersensible de "Raison et sentiments" ou du "Secret de Brokeback mountain" a pu se satisfaire du seul plaisir technique dans la réalisation de ce polar futuriste prosaïque. Pas de surprise en tout cas lorsqu'on voit que le vote IMDB n'attribue que 5,7 à cette création. Et on peut aussi comprendre pourquoi le scénario est resté de longues années en sommeil chez le producteur...
   
Bernard Sellier