Le goût des autres, film de Agnès Jaoui, commentaire

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Le goût des autres,
         2000,  
 
de : Agnès  Jaoui, 
 
  avec : Jean-Pierre Bacri, Anne Alvaro, Gérard Lanvin, Alain Chabat, Agnès Jaoui,
 
Musique : Jean-Charles Jarrel

  
 
Castella (J.P.Bacri) est un PDG qui ne se passionne plus guère pour son entreprise. Ni pour sa femme (décoratrice passablement nunuche, il faut le reconnaître !). Ni pour la vie en général. Pour résumer simplement, il respire l'ennui le plus total et une tristesse des plus communicatives. Un jour, pourtant, un semblant d'éveil va poindre derrière sa moustache morose. Une soirée au théâtre, qui s'annonçait comme le summum de la corvée conjugale, lui fait apparaître l'une des actrices (par ailleurs son professeur d'anglais) comme un rayon de soleil. 
 
 À son rythme, c'est-à-dire mollement, maladroitement, et en se gardant bien de toute inflammation, il va tenter de gagner cet îlot de consolation. Autour de lui gravite un monde à son image, triste et mélancolique (Alain Chabat en amoureux fadasse et grugé), (Gérard Lanvin en garde du corps épuisé de ne rien faire), (Agnès Jaoui qui reprend son image de rebelle tendre et brutale de "Un air de famille"). 
 
 Le film est parfaitement en osmose avec cette galerie de personnages décalés, incapables de vivre l'intense. Il est à l'image d'un certain style français, fait de petites touches, de dialogues piquants, servis par des acteurs excellents, mais aussi d'un nivellement intérieur des personnages qui procure une uniformité quelque peu lassante. On ne retrouve même pas les éclats ponctuels et savoureux de "Un air de famille" ou de "Cuisine et dépendances" qui éveillaient chez le spectateur la flamme intérieure de la jubilation. La description des personnages est fine, juste, parfois incisive, mais l'ensemble dégage une impression de morosité en tous points conforme au personnage principal, comme toujours magistralement endossé par Jean Pierre Bacri. 
 
 Ici, tout est tristement doucereux, comme l'accompagnement terne d'un plat réussi, mais un peu fade.
   
Bernard Sellier