Happy valley, Saison 1, série de Sally Wainwright, commentaire

  Bienvenue sur le site d'un manipulateur de mots, passionné d'écriture, de cinéma, de musique, d'ésotérisme...     

Happy valley,
      Saison 1,      2013 
 
de : Sally  Wainwright..., 
 
avec : Sarah Lancashire, James Norton, Charlie Murphy, George Costigan, Joe Armstrong, Steve Pemberton,
 
Musique : Ben Foster

  
 Saison 2        Saison 3

 
Catherine Cawood (Sarah Lancashire) est sergent dans la police d'une petite cité anglaise. Elle se remet très difficilement du suicide de sa fille, victime d'un viol quelques années plus tôt, tout en s'occupant tant bien que mal de Ryan (Rhys Connah), l'enfant né de l'agression. Celui qu'elle sait coupable, Tommy Lee Royce (James Norton), n'a jamais été reconnu coupable des faits, mais a été condamné pour un autre délit. Lorsque Catherine apprend qu'il est sorti de prison, sa rage refait surface. 
 
 Dès les toutes premières minutes du récit, le décor est magistralement posé. Une morne cité anglaise, avec son lot de désoeuvrés, de chômeurs, ses dealers, ses personnages douteux, et le vernis extra fin qui recouvre les souffrances psychologiques et les drames physiques. Au milieu de ce microcosme à l'équilibre fragile, une femme (magistralement incarnée par Sarah Lancashire, toute en spontanéité émotionnelle pure), on n'ose pas dire une héroïne tant sa modestie en souffrirait, au milieu de sa vie, sans ambition, sans envergure réelle, qui se contente de survivre le mieux possible entre son boulot difficile, mal considéré, son ex-mari menacé de chômage, les pressions de ses supérieurs, et son petit-fils qui flirte avec la rébellion. Tout cela pourrait apparaître comme un repoussoir, alors qu'il n'en est rien. Bien au contraire, le récit déborde d'énergie, de vie, d'humanité, de fébrilité, de fureur concentrée, qui toutes ne demandent qu'à trouver une ouverture aussi minime soit-elle pour exploser volcaniquement. Nous sommes très loin du glamour hollywoodien. Il n'y a pas de mer bleue à perte de vue, le ciel est souvent couleur de plomb, l'atmosphère est grisailleuse, les pulsions sont primaires, mais le scénario est remarquablement construit, les personnages se montrent profondément justes, les émotions sont viscérales, et l'authenticité ne connaît aucune faille. C'est à la fois simple, désespéré, naturel, rigoureux, captivant et profondément humain. Cette série, gorgée d'une intensité dramatique rare, au titre sombrement ironique, est une superbe réussite. Mais quel générique visuellement et auditivement hideux !!!
   
Bernard Sellier