Happy valley, Saison 3, série de Sally Wainwright, commentaire

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Happy valley,
      Saison 3,      2023 
 
de : Sally  Wainwright..., 
 
avec : Sarah Lancashire, James Norton, Charlie Murphy, George Costigan, Joe Armstrong, Rick Warden, Steve Pemberton,
 
Musique : Ben Foster

  
 Saison 1        Saison 2

 Ne pas lire avant d'avoir vu la série...
 
 
Catherine Cawood (Sarah Lancashire) est à quelques mois de la retraite. Elle apprend avec consternation que son petit-fils Ryan (Rhys Connah) rend visite à son père, Tommy Lee Royce (James Norton), emprisonné à Sheffield. L'un des professeurs de l'adolescent, Rob Hepworth (Mark Stanley), appelle un jour la police afin de dénoncer sa femme, Joanna (Mollie Winnard), droguée aux médicaments. Pendant ce temps, un cadavre est découvert au fond d'une réserve d'eau. Tommy est suspecté d'avoir participé au meurtre, bien des années plus tôt... 
 
 Nous retrouvons d'emblée la qualité d'écriture propre à cette série. Pourtant, quelques bémols ternissent un peu l'enthousiasme ressenti au cours des deux premières saisons. L'aspect policier a toujours cohabité de façon naturelle avec une analyse psychologique profonde et fine des personnages et des relations. Mais ici, les échanges verbaux prennent une place parfois démesurée. C'est le cas par exemple de l'interminable confrontation entre Catherine et sa sœur Claire dans le café de Sheffield au début de l'épisode 3. Dix minutes de champs et contre champs, c'est très long, même si le contenu des dialogues est toujours intéressant. L'intrigue en elle-même laisse aussi un peu perplexe, car elle se montre plus flottante qu'à l'ordinaire. Les différentes composantes de l'histoire ont pour fondement les activités criminelles de Darius Knezevic (Alec Secareanu), mais elles se fédèrent avec moins de fluidité et d'évidence que dans les deux premières saisons. Pris indépendamment, les problèmes de couple de Joanna et de Rob, les trafics de Faisal Bhatti (Amit Shah), le pharmacien, le meurtre de Joanna, l'évasion de Tommy, tous ces éléments sont captivants, mais la tension dramatique qu'ils sont censés produire est comme diluée dans les innombrables discussions qui s'invitent en permanence. Entendons-nous bien, cette (dernière ?) saison, dans laquelle il est plus que jamais question d'amour et de résilience, est toujours d'un haut niveau de qualité, et l'interprétation est irréprochable. Mais, malgré l'intérêt que présente la relation naissante entre Ryan et son père, l'ensemble souffre peut-être d'un déséquilibre narratif, d'une certaine répétitivité dans l'attitude figée de Catherine, et dans le fait qu'une portion marquante de la dramaturgie, en l'occurrence le meurtre de Joanna, est expédié en quinze secondes à l'extrême fin de la saison, donnant l'impression qu'il ne s'agissait là que d'un à-côté sans grande valeur.    
   
Bernard Sellier