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Harcelés,
      (Lakeview terrace),      2008, 
 
de : Neil  LaBute, 
 
  avec : Samuel L. Jackson, Patrick Wilson, Kerry Washington, Justin Chambers, Ron Glass, Jay Hernandez, Robert Pine,
 
Musique : Jeff Danna, Mychael Danna

   
   
Chris Mattson (Patrick Wilson) et sa femme Lisa (Kerry Washington) emménagent dans la jolie maison qu'ils viennent d'acheter dans la banlieue de Los Angeles, à Lakeview Terrace. Ils font rapidement la connaissance de l'un de leurs voisins, sergent de police, Abel Turner (Samuel L. Jackson). Celui-ci vit seul avec ses deux jeunes enfants, Celia (Regine Nehy) et Marcus (Jaishon Fisher), depuis le décès accidentel de sa femme. Il les élève avec rigueur et ne tolère aucun écart de leur part. D'abord distant envers le jeune couple nouvellement installé, Abel ne tarde pas à laisser paraître le désir profond qui l'habite : voir Chris et Lisa quitter définitivement les lieux.  
 
   Le film mélange, avec une indéniable efficacité, plusieurs composantes souvent rencontrées individuellement dans maintes créations cinématographiques. Le racisme, tout d'abord, ici habilement inversé, du schéma classique dans lequel les blancs se montrent allergiques aux représentants de la race noire. Ensuite l'approche, certes superficielle, mais percutante, d'une dérive pathologique due à un traumatisme psychologique insurmonté. Enfin l'aspect purement stressant et offensif qui voit un couple naïf et attendrissant harcelé par un agent extérieur plus ou moins profondément atteint ( "Fenêtre sur Pacifique" ou "Obsession fatale" ). Même si "Harcelés" ne révolutionne en rien le genre, l'intrigue et la montée en puissance sont négociées avec justesse, vraisemblance, en particulier parce que le scénario se préserve de tout spectaculaire gratuit. L'agressivité, d'abord larvée, puis extériorisée plus franchement se traduit en grande partie dans les paroles, ce qui n'empêche nullement quelques montées d'adrénaline lorsque l'aspect matériel de l'aversion se manifeste. L'analyse des personnages demeure assez superficielle, mais la confrontation entre un Samuel Jackson, de plus en plus inquiétant dans une ambiguïté tortueuse, qui le voit tantôt verser le miel, tantôt cracher le vinaigre, et un Patrick Wilson, déconcerté par les manipulations psychiques de son voisin, tient très honnêtement ses promesses. Tout juste est-il possible de regretter un dénouement, certes intelligemment amené, mais fort consensuel ( "les épreuves rapprochent"...). Il serait intéressant de savoir si le réalisateur avait envisagé ( comme c'était le cas, par exemple, pour "Liaison fatale" ), un finale différent de celui qui est présenté dans la version cinéma.
   
Bernard Sellier