Hippocrate, saison 1, série de Thomas Lilti, commentaire

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Hippocrate,
       Saison 1,     2018, 
 
de : Thomas  Lilti..., 
 
  avec : Anne Consigny, Eric Caravaca, Géraldine Nakache, Alice Belaïdi, Louise Bourgoin, Sylvie Lachat, Karim Leklou,
 
Musique : Alexandre Lier, Sylvain Ohrel, Nicolas Weil


   
Ne pas lire avant d'avoir vu la série

   
Alyson (Alice Belaïdi), une étudiante en médecine intègre un service hospitalier pour son internat. Mais elle arrive dans un moment critique, car les médecins du service ont été mis en quarantaine, suite à la mort suspecte d'un patient susceptible d'être contagieux. Les jeunes futurs internes doivent donc se débattre presque seuls, en multipliant les heures de présence... 
 
   On a peine à croire que le réalisateur scénariste de cette oeuvre, développement sous forme de série d'un film précédent éponyme de 2014 'Hippocrate', soit celui du 'Médecin de campagne' sorti en 2016. Autant l'histoire dans laquelle évoluait François Cluzet souffrait d'un déficit chronique d'événements et de rythme, autant cette série multiplie les temps forts et suit avec frénésie le quotidien survolté d'un service de médecine interne. Une grosse douzaine de personnages principaux se démène avec autant d'angoisse que d'opiniatreté pour pallier le manque criant d'effectifs et l'absence des têtes directrices, confinées dans un hôtel pour une quarantaine à la durée indéterminée. Les caractères sont dessinés avec une efficacité sobre, et la lisibilité de ce monde grouillant est quasi parfaite. De plus les acteurs sont tous excellents et crédibles, ce qui n'est pas toujours le cas dans les séries françaises. Si l'on veut ergoter un peu, regrettons que certains ( Karim Leklou, par exemple, pourtant remarquable au point de vue jeu ), articulent fort peu, ce qui rend parfois la compréhension difficile. Mais il s'agit là d'un travers général de la jeune génération... 
 
   Très réaliste, l'histoire suit les diverses pathologies du service, souvent tragiques ( l'annonce d'une maladie gravissime... ), mais quelquefois aussi insolites, voire drôles ( les deux 'femmes' du dermatologue qui cherchent à se débarrasser de la charge d'un homme devenu 'courgette', ou encore la recherche du dentier perdu dans les poubelles du Centre... ). Le récit a le mérite de ne pas avoir cherché à placer une personnalité sur un piédestal, façon 'Dr. House', et de procurer à chacun des internes une position quasiment égale. Mais c'est aussi une limite, car, au cours des cinq premiers épisodes, l'intérêt général se dilue sur une pléiade de tempéraments qui, pris individuellement, n'ont rien de très marquant. Ce sont tous des étudiants lambda, parfois dépassés par la tâche qui les attend ( Alyson ), parfois lâches devant leurs erreurs ( Hugo ), parfois incapables de jeter l'éponge ( Chloé )... Bref, un éventail d'étudiants comme il en existe des milliers. 
 
   Heureusement, grâce ( si l'on peut dire ! ) à un pic événementiel majeur, les trois derniers épisodes voient une intensification dramatique importante, qui se reconcentre sur un petit nombre de personnages. Culpabilisation, tentation de la lâcheté, émergence du courage d'affronter ses erreurs, résistance à la puissance administrative... La plongée dans les souffrances intimes, dans les peurs, se fait beaucoup plus humaine et génère l'émotion avec une sobriété aussi efficace que louable. 
 
   Au final, une belle réussite française, servie par d'excellents acteurs, qui laisse augurer une saison 2 captivante, espérons-le.
   
Bernard Sellier