L'Homme des Hautes Plaines, film de Clint Eastwood, commentaire

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L'homme des hautes plaines,
      (High Plains Drifter),     1973, 
 
de : Clint  Eastwood, 
 
  avec : Clint Eastwood, Verna Bloom, Jack Ging, Ted Hartley, Walter Barnes, Billy Curtis, Marianna Hill,
 
Musique : Dee Barton

 
   
Un étranger (Clint Eastwood) arrive dans une petite ville perdue au bord d'un lac, Lago. L'acceuil n'est pas des plus chaleureux. Quelques minutes après qu'il soit descendu de cheval, trois individus l'insultent et se retrouvent, illico, étendus raides morts sur le sable. Le Shériff, Sam Shaw (Walter Barnes), convainc les personnages influents d'engager l'inconnu afin de faire face à un danger imminent. En effet, Stacey Bridges (Geoffrey Lewis), et deux de ses acolytes viennent d'être libérés de prison. Ils ne manqueront pas de revenir faire un tour à Lago, puisque c'est Sam qui les a fait incarcérer un an plus tôt... 
 
   Un homme taciturne, mystérieux, dont tout le monde ignore l'identité, surgit de nulle part dans un but de vengeance aussi précis que nébuleux. Le thème a été traité maintes fois dans le western depuis le mythique "Un homme est passé" de John Sturges en 1955. Si Clint Eastwood, jeune réalisateur dont c'est le second film après "Un Frisson dans la nuit", se soumet aux codes du genre, il n'en dynamite pas moins la manière dont le héros choisit de parvenir à ses fins. Le revolver devient un instrument dérisoire, presque secondaire, tandis que la prise de conscience des coupables et leur châtiment s'opère par des voies tout à fait originales. Les trois "méchants" avérés ne constituent, en fin de compte, qu'un dessert vite expédié, après la dégustation de plats de résistance patiemment ingérés. C'est en effet tout le village, personnage à part entière, qui prépare, installe et subit la punition de la lâcheté collective qu'il a manifestée quelques années plus tôt. Par la conjonction d'humiliations (le nain Mordecai (Billy Curtis) nommé Shériff), de ponctions pécuniaires, de commandements arbitraires, d'exigences impérieuses, de délires symboliques (toutes les maisons du villages peintes couleur sang), l'inconnu plonge de force le regard de chaque habitant dans la vilénie de sa propre âme.  
 
   Sans avoir la profondeur dramatique de ses oeuvres récentes ("Mystic River" ou "Million Dollar Baby"), ce western en apparence banal vieillit admirablement bien et conserve, aujourd'hui encore, une personnalité magnétique intense.
   
Bernard Sellier