Incassable, film de M.Night Shyamalan, commentaire

  Bienvenue sur le site d'un manipulateur de mots, passionné d'écriture, de cinéma, de musique, d'ésotérisme...     

Incassable,
      (Unbreakable),      2004, 
 
de : M. Night  Shyamalan, 
 
  avec : Bruce Willis, Samuel L. Jackson, Robin Wright Penn, Spencer Treat Clark, Leslie Stefanson, Laura Regan, 
 
Musique : James Newton Howard


 
David Dunn (Bruce Willis) est agent de sécurité au stade de l'Université de Philadelphie. Au cours de son voyage de retour de New York, son train déraille. Il est le seul survivant et, phénomène plus étrange encore, il n'a pas une seule égratignure ! Quelques jours après, il est contacté par un homme noir, Elijah Price (Samuel L. Jackson), propriétaire d'une galerie consacrée aux bandes dessinées. Elijah est l'inverse quasi absolu de David : atteint d'une maladie rare depuis sa naissance, ses os se brisent comme du verre. Il tente de faire partager à celui qu'il considère comme un super-héros, une conception de la vie aussi étrange que personnelle... 
 
 Certains films de M.Night Shyamalan se bonifieraient-ils avec le temps ? Ou est-ce simplement une question de réceptivité volatile ? Toujours est-il que ce film, qui ne m'avait guère enthousiasmé lors de sa sortie, m'apparaît aujourd'hui intéressant et générateur de multiples réflexions enrichissantes. Le problème, avec les oeuvres du réalisateur, exception faite de "Sixième Sens", qui possède une trame épurée et une intensité sobre, est que la résolution de l'énigme posée flirte toujours avec le contestable, le dérangeant, voire le grotesque, pour ceux qui n'apprécient pas le type de retournements finaux adoptés. C'est particulièrement le cas pour "Le Village", qui, après avoir installé de manière plus que convaincante, un univers profondément original, hors du temps, casse brusquement le cocon par un choix pour le moins... étonnant.  
 
 Dans le cas présent, reconnaissons que la construction de l'histoire, un instant bousculée par une analogie avec les bandes dessinées, qui peut légitimement paraître... farfelue, se révèle en fin de compte solide et logique. L'exploration des extrêmes, du Bien et du Mal, du Héros et du "Méchant", est ici opérée avec une optique que l'on rencontre assez rarement. Si le Héros est, comme il se doit (voir "Superman", "X-Men"...), ignorant de ses pouvoirs exceptionnels, troublé par eux, le représentant de l'Ombre cumule la négativité inhérente à son état, mais aussi la positivité, dans la mesure où il permet la révélation de la puissance protectrice de son adversaire. Alors, récit subtilement initiatique, ou composition à la naïveté subtilement manipulatrice ? Chacun répondra avec ses critères. Ce qui est certain, c'est que le réalisateur mène son drame avec une conviction communicative, qui, heureusement, se bonifie avec l'évolution des personnages, car, au commencement, la vraisemblance (psychologique surtout), n'était pas des plus affirmées. Une fois le coup de théâtre final franchi, il sera enrichissant de réfléchir sur la place du fort et du faible dans le cycle de la Vie, ainsi que sur le but majeur des stages de développement de soi : à savoir la découverte du "Héros" symbolique en soi, et celle de sa "Mission".
   
Bernard Sellier