L'incorrigible, film de Philippe de Broca, commentaire

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L'incorrigible,
     1975,  
 
de : Philippe  de Broca, 
 
  avec : Jean-Paul Belmondo, Geneviève Bujold, Daniel Ceccaldi, Capucine, Julien Guiomar, Charles Gérard,
 
Musique : Georges Delerue


   
Lire le poème ( CinéRime ) correspondant : ' Caméléon '

   
Victor Vauthier (Jean-Paul Belmondo) sort de prison. Sitôt hors des murs, les affaires reprennent de plus belle. Il loue pour la énième fois à des Américains un hôtel particulier de l'Avenue Foch qui appartient à Hélène (Capucine), reprend contact avec des ministres Africains désireux d'acheter des armes... La routine habituelle. Un matin, il reçoit la visite de Marie Charlotte Pontalec (Geneviève Bujold), chargée par le juge d'application des peines d'étudier son cas . Il l'entraîne dans une course folle... 
 
   Jean-Paul Belmondo dans les délires de sa grande époque burlesque. Passant allègrement du jardinier demeuré à l'avocat d'affaires ou au directeur de ministère moustachu ! Partition orchestrée, qui plus est, par Michel Audiard. Cette collaboration, sous la baguette de Philippe de Broca qui a livré quelques opus mémorables, tels "Cartouche" en 1962, "L'homme de Rio" en 1964, "Les tribulations d'un Chinois en Chine" en 1965, ou encore "Le magnifique" en 1973, s'enfonce dans un extravagant ballet de travestissements, de bons mots, de tirades philosophico-exotiques... Bref, un étourdissement permanent qui part un peu dans tous les sens, puis dont l'action dispersée se rassemble et se concentre dans la seconde partie. L'intégration de la délicieuse Geneviève Bujold apporte une ingénuité et un charme rafraichissants.  
 
   Si l'on accepte les excès gestuels, les débordements visuels, le cabotinage d'un acteur qui respire la joie de vivre, et les logorrhées issues de la verve audiardesque, ce divertissement mené à tombeau ouvert est susceptible de ramener la bonne humeur à un régiment de dépressifs. On a même le plaisir, à quelques détours, de surprendre un moment de poésie tendre (la scène avec les membres du cirque, ou la visite nocturne du musée de Senlis). Le personnage outrancier de Camille (Julien Guiomar), incarnation de l'ennui, offre également un pendant intéressant à la folie dévastatrice de Victor. 
 
   Pas vraiment un modèle de finesse, c'est sûr, mais incontestablement un récital de dialogues savoureux et une bouffée de mythomanie vivante.
   
Bernard Sellier