Ne pas lire avant d'avoir vu la série Alejandra (Verónica Sánchez) vient d'avouer à Verónica (Irene Arcos) qu'elle est la femme d'Óscar (Álvaro Morte). Quant à Fran (Miquel Fernández), l'ami de toujours du couple, il est manifestement impliqué dans le blanchiment d'argent qu'opérait Óscar pour le compte d'Andres...
Onze intervenants sont impliqués dans l'écriture de cette série ! Presque un record pour seize épisodes ! Pourtant, contrairement au récent «Qui a tué Sara ?», qui regorge de rebondissements en tous genres, la première saison de «La jetée» se montrait chiche en évènements marquants, au point que l'on pouvait craindre, pour cette suite, un déficit de dramaturgie ou, tout au moins, un étirement excessif des rares éléments majeurs.
En fait, on était en-dessous de la réalité. Durant les quatre premiers épisodes, ce ne sont que parlotes interminables et flashback souvent dispensables. Certes, Alejandra et Verónica sont toujours charmantes et les voir se câliner n'est pas désagréable pendant cinq minutes. En revanche, lorsque les bavardages, les roucoulades, les danses et les séances d'oreiller occupent les neuf dixièmes de l'espace, ça devient franchement pénible. Au point que l'envie d'envoyer balader l'ensemble effleure plus d'une fois. Que se passe-t-il d'important durant ces cent-soixante-dix minutes ? Le carnet de comptes volé à Andres par Óscar est retrouvé et Alejandra succombe au charme du policier Conrado (Roberto Enríquez). Sans être un fan de l'action à tout va, ça fait tout de même sacrément mince ! Une ou deux fois par épisode, apparaît une minute qui relance l'enquête et l'espoir du spectateur, mais c'est pour replonger immédiatement dans une galaxie relationnelle qui prend de plus en plus l'apparence de «Feux de l'amour» hispaniques.
Au septième épisode, le récit recommence à s'intéresser vraiment à l'intrigue policière, mais en repartant du dernier plan de la saison 1. C'est dire la stagnation subie depuis ! Le dénouement ne manque certes pas d'humanité, mais son fondement (un Óscar qui, après huit ans de bonheur et d'excitation, plonge en une journée dans la dépression et le ras-le-bol...) laisse plus que perplexe.
Une série qui nous offre de très beaux personnages féminins et masculins (Conrado) et qui explore avec finesse nombre de sujets majeurs : la quête d'identité, des priorités, l'amour est-il partageable et infini, qu'est-ce que profiter de la vie ?... Il est d'autant plus rageant que cette seconde saison prenne assez souvent l'apparence d'un pensum et ne parvienne pas à s'extirper d'un ennui chronique. Manifestement, la série aurait gagné à se voir raccourcie de cinq ou six épisodes. Bernard Sellier