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La jeune fille à la perle,
     (Girl with a pearl earring),         2003, 
 
de : Peter  Webber, 
 
  avec : Scarlett Johansson, Colin Firth, Tom Wilkinson, Judy Parfitt, Cillian Murphy, Joanna Scanlan,
 
Musique : Alexandre Desplat


   
Griet (Scarlett Johansson) entre au service de la famille du peintre Johannes Vermeer (Colin Firth), dont l'épouse, Catharina (Essie Davis), est enceinte. Un petit Franciscus naît bientôt. Mais la famille n'est guère riche et la belle-mère du peintre, qui régente la maison, invite à l'occasion de l'arrivée du nouveau-né, le mécène qui commande régulièrement des oeuvres au maître, le richissime Van Ruijven (Tom Wilkinson). Griet se lie d'amitié avec le fils d'un boucher, Pieter (Cillian Murphy). Elle devient également, peu à peu, l'aide privilégiée de Vermeer... 
 
   Si les oeuvres consacrées aux musiciens ("Amadeus", "Ludwig van B.", "Mahler", "Music Lovers"...) sont souvent emplies de bruit et de fureur (ainsi que de musique, tout de même !), celles qui mettent en scène des peintres sont souvent, par mimétisme avec cet art silencieux, baignées de langueurs et de paix. Celle-ci ne fait pas exception. A travers une reconstitution convaincante de la Delft du dix-septième siècle, s'égrène devant nous l'histoire simple d'une jeune fille ordinaire, inculte, (les deux femmes de la maison ne se privent pas de le lui faire sentir), mais dont la grâce unique inspire le génie du peintre. L'atmosphère qui règne dans cette maison, constamment lourde, feutrée, contemplative, est, elle aussi, particulièrement bien rendue. Tout au moins dans l'optique que veut nous transmettre le réalisateur, grâce à une mise en scène sage, très classique, mais aux éclairages savamment étudiés, qui entre en résonance parfaite avec la retenue de l'intrigue. Tout n'est que dissimulation, espionnages, manigances, non-dits. Les émotions sont le plus souvent bridées, les gestes contenus. La lenteur le dispute au silence. Les mots sont rares, sans amplitude, sans profondeur. Toute l'intensité des corps et des âmes, avec une petite exception pour l'épouse de Vermeer, ne se traduit que par dans la densité des regards. La réussite est également de bon aloi dans la tentative d'initier le spectateur à ce que peut être, pour le génie créateur, la descente de l'inspiration et la genèse d'un futur chef d'œuvre. Mais, revers de la médaille, la subtilité, la délicatesse, l'approche méditative de la gestation du tableau, l'absence de jaillissement de l'émotionnel du maître et de son modèle (remarquablement incarné par Scarlett Johansson), tirent fréquemment l'ensemble vers un ennui aussi élégant que chronique.
   
Bernard Sellier