Kate, film de Cedric Nicolas-Troyan, commentaire

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Kate,
        2021, 
 
de : Cedric  Nicolas-Troyan, 
 
  avec : Mary Elizabeth Winstead, Woody Harrelson, Miku Patricia Martineau, Jun Kunimura, Tadanobu Asano,
 
Musique : Nathan Barr

 Ne pas lire avant d'avoir vu le film...

 
Kate (Mary Elizabeth Winstead) est une redoutable tueuse à gages qui a été formée depuis son enfance par Varrick (Woody Harrelson). Elle est chargée d'une exécution à Osaka, mais elle refuse de tirer sur sa cible, Ani (Miku Patricia Martineau), une adolescente qui est la nièce du puissant parrain Kijima (Jun Kunimura). Quelques mois plus tard, Kate apprend qu'elle a été empoisonnée au polonium 204 et qu'elle n'a plus que vingt-quatre heures à vivre...
 
 À la lecture du pitch, il est facile de conclure que nous avons là une énième variation du cultissime «Nikita» de Luc Besson, qui a connu nombre de déclinaisons, telles «Anna» du même Besson, ou encore le «Hanna» de Joe Wright. Il est indéniable que l'histoire de Kate a le même fondement. Mais, au-dela de ce cousinage lourd à porter, le présent film possède quelques atouts qui le démarquent de manière évidente du tout-venant des photocopies primaires. Tout d'abord l'installation de l'histoire au Japon est un atout non négligeable, car, si les scènes d'action occupent la plus grande partie des cent minutes, le récit parvient néanmoins à installer, en quelques scènes, une atmosphère authentique (un duel au sabre sans doute le plus court jamais tourné) et dépaysante. Ensuite, par le biais d'un évènement qui évoque le sujet de «DOA», nous sommes en présence d'une héroïne qui ne reviendra pas dans une inévitable suite.

 Mais le plus remarquable dans cette création tient à son incontestable personnalité narrative et surtout visuelle. Manifestement influencé par l'ultra violence de Quentin Tarentino ou par les mouvements de caméra virevoltants de Brian de Palma, le réalisateur parvient à donner à son œuvre une patte originale, souvent clinquante (la course poursuite du début semble jaillir d'un dessin animé), parfois d'un goût douteux, mais toujours accrocheuse, pittoresque et singulière. Sans être le moins du monde fouillés, - le temps imparti à leurs états d'âme est bien court -, les personnages affichent néanmoins des caractères particulièrement trempés, avec une tueuse aussi belle que magnétique, un yakuza magistral et une ado insolente, droguée aux héroïnes sauvages de la télévision.

 Le film n'a rien d'un chef-d'œuvre, mais son esthétique et ses choix narratifs valent franchement le détour, à condition, bien sûr, de supporter les jaillissements de barbarie qui s'invitent régulièrement dans les règlements de comptes 
   
Bernard Sellier