Killing Eve, Saison 3, série de P. Waller-Bridge, commentaire

  Bienvenue sur le site d'un manipulateur de mots, passionné d'écriture, de cinéma, de musique, d'ésotérisme...     

Killing Eve,
        Saison 3,          2020 
 
de : Phoebe  Waller-Bridge..., 
 
avec : Sandra Oh, Jodie Comer, Fiona Shaw, Sean Delaney, Owen McDonnell, Camille Cottin, Kim Bodnia,
 
Musique : Keefus Ciancia, David Holmes


 
Saison 1          Saison 2          Saison 4

 Ne pas lire avant d'avoir vu la série

 La saison 2, tout comme la première, se terminait dans le sang, puisque Eve (Sandra Oh) était abattue par Villanelle (Jodie Comer). Quelques mois plus tard, cette dernière épouse Maria, tandis qu'Eve, très déprimée, bosse dans les cuisines d'un restaurant asiatique. Mais la formatrice de la tueuse, Dasha (Harriet Walter), persuade son élève de reprendre le service. Quant à Carolyn Martens (Fiona Shaw), très critiquée par sa hiérarchie, elle se voit adjoindre un superviseur encombrant en la personne de Paul Bradwell (Steve Pemberton)... 
 
 Toutes les composantes reprennent donc leurs places comme si rien de marquant ne s'était passé. Et, de fait, malgré l'apparition de nouvelles figures (surprise de voir apparaître Camille Cottin en superviseur de Villanelle !), le début de cette troisième saison semble recopier celui de la première, ce qui ne peut manquer d'inquiéter. Mais, très rapidement, un changement d'orientation et de construction s'opère. C'est une sorte de flou qui envahit peu à peu l'histoire. Malgré la brusque et dramatique disparition de Kenny, le fils de Carolyn, aucun but ne semble vraiment se dessiner dans le cours du récit. Bien plus, dans les épisodes 4 et 5, le spectateur a l'impression que les scénaristes ont travaillé chacun de leur côté sur les différentes personnalités majeures (Eve, Konstantin, Oksana, Niko), sans se concerter ni opérer une vraie fusion de leurs compositions. Cela nous vaut des digressions parfois insolites (Niko dans la ferme polonaise), parfois intéressantes sur le plan psychologique(les retrouvailles de Villanelle avec sa famille russe), mais pour le moins étirées. On a nettement l'impression que quelque chose ne tourne pas très rond : soit les créateurs ne savent pas très bien où ils veulent conduire l'intrigue, soit ils cherchent par tous les moyens à délayer la sauce. La malheureuse Eve, devenue de plus en plus transparente au fil des événements, fait particulièrement les frais de ces errements scénaristiques. 
 
 À partir de l'épisode 6, il semble que la narration reprenne ses couleurs originelles. Les diverses pistes commencent à converger et l'intérêt se ranime. Pourtant cette troisième saison laisse un goût un peu amer, même si certaines individualités ne manquent pas de pittoresque. C'est bien sûr toujours le cas pour Villanelle, mais Carolyn développe ici un tempérament "d'iceberg émotionnel" pour le moins insolite, et la relation qu'elle entretient avec sa fille Géraldine (Gemma Whelan), son complet opposé, ne manque pas de piquant. Quant à la fin ouverte, elle peut laisser entrevoir quelques surprises bienvenues pour la future saison 4...

   
Bernard Sellier