L.A. Confidential, film de Curtis Hanson, commentaire

  Bienvenue sur le site d'un manipulateur de mots, passionné d'écriture, de cinéma, de musique, d'ésotérisme...     

L.A. confidential,
        1997,  
 
de : Curtis  Hanson, 
 
  avec : Kevin Spacey, Russell Crowe, Guy Pearce, James Cromwell, Kim Basinger, Danny DeVito, David Strathairn, Ron Rifkin,

Musique : Jerry Goldsmith

  
   
Les années 50 dans la cité des Anges. La police a bien du mal, non seulement à mettre fin aux activités des gangs, mais encore à nettoyer au sein même de ses rangs. Une violence envers des suspects, menée par le sergent Alex 'Dick' Stensland (Graham Beckel), à l'intérieur des locaux officiels, met sur la touche l'officier Bud White (Russell Crowe), tandis que le sergent Jack Vincennes (Kevin Spacey) s'en tire en dénonçant quelques collègues proches de la retraite et que le tout jeune Edmund Jennings Exley (Guy Pearce) s'en sort avec les honneurs, n'hésitant pas à nommer les coupables et devenant à la suite de ce service, lieutenant enquêteur. Peu après, Stensland est tué dans un bar où se trouvaient des filles modelées à l'image d'actrices célèbres par un homme d'affaires richissime, Pierce Morehouse Patchett (David Strathairn). Le capitaine Dudley Liam Smith (James Cromwell) charge Exley de l'enquête... 
 
   Assassinats, magouilles en tous genres, chantages, jalousies, prostitution, tout n'est pas vraiment limpide dans la belle cité des anges ! Au cours de la première demi-heure, le spectateur est plongé corps et biens dans un mic-mac qui, sans être spécialement black, est aussi limpide que du jus de boudin ! On se perd un petit peu dans tous ces personnages qui virevoltent sur l'écran, au rythme d'un montage rapide et nerveux. Les composantes de tout ce petit monde, tant policier que criminel, se mélangent, s'entrechoquent, s'agressent, et ce d'autant plus violemment que les uns ne sont pas vraiment plus purs que les autres. Puis, au milieu de ce cloaque d'où se dégagent Jack et Bud, émerge une composante centrale et apparaît celui qui se veut un chevalier blanc, le vertueux Ed, dont le père a été tué jadis en mission, et qui rêve de gravir les échelons à la force de sa noblesse. Mais l'illusion ne fera pas long feu... 
 
   Curtis Hanson, trois ans après l'aventure au récit simpliste mais très divertissant de "La rivière sauvage" et cinq après le stressant "La main sur le berceau", réussit à composer ici une oeuvre passionnante de bout en bout, qui allie complexité scénaristique, profondeur psychologique (aucun des principaux protagonistes n'est une personnalité simple, limpide), et suspense dramatiquement efficace. L'ensemble des interprètes, de Russell Crowe à Kevin Spacey, en passant par l'incontournable James Cromwell, Danny de Vito, Kim Basinger et l'excellent Guy Pearce, réussissent à nous captiver et, pour certains d'entre eux tout au moins, à capter notre sympathie, alors que les personnages incarnés sont tous, à divers degrés, véreux ou antipathiques. Osmose particulièrement réussie entre vision globale d'un corps policier en décomposition, destins individuels plus ou moins tragiques, et initiation aux dures réalités d'un jeune idéaliste. Le tout serti dans un scénario inventif, ensorcelant, parfois poignant, d'où tout manichéisme est absent. Une belle réussite.
   
Bernard Sellier