Joe (Zoe Saldana) travaille pour la CIA et sélectionne des recrues très performantes qui auront une mission d'infiltration. Elle jette son dévolu sur Cruz Manuelos (Laysla De Oliveira) et la charge de se lier avec Aaliyah (Stephanie Nur), fille d'un redoutable milliardaire terroriste par appât du gain. Elle doit se marier prochainement. Cruz devient son amie...
Le commencement de l'histoire, sous haute tension, avec une mission difficile en Syrie pour tenter de récupérer une précédente infiltrée, semble donner le ton de cette série. Une nouvelle aventure spectaculaire dans laquelle Zoe Saldana tiendra le haut de l'affiche. Mais la suite prend le spectateur au dépourvu. La première scène de combat fait place à la formation, pour le moins cruelle, de la future recrue : frappée, brutalisée, torturée sur ordre de Joe, uniquement dans le but de tester son degré de résistance et d'estimer le temps dont elle disposera pour la sauver si jamais elle estt démasquée. Voilà le genre de narration qui est loin d'être glamour. Et la suite déconcerte elle aussi. Une fois Cruz infiltrée dans le milieu huppé de la cible, le spectateur assiste aux sorties de la jeune milliardaire, tout en suivant le destin de Joe, tiraillée entre son métier et son rôle de mère de deux filles, un peu laissées à elles-mêmes, car leur père, Neal (Dave Annable), chirurgien oncologue, est lui aussi très pris par sa profession.
Pour le spectateur habitué aux tensions permanentes de 24 heures, ou de Designated survivor, la construction de cette série est déroutante. Le point d'orgue est censé être l'élimination d'un dangereux terroriste, avec ce que cela implique de préparations difficiles, de rebondissements stressants, mais en fait nous assistons à la naissance d'une histoire d'amour touchante entre la superbe princesse malheureuse, Aaliyah, menacée de la prison que sera son futur mariage, avec celle qui a pour mission l'élimination de la cible. Durant plusieurs épisodes, nous avons la sensation de suivre une romance délicieuse, avec une analyse délicate de sentiments humains contradictoires. Comme on pouvait s'y attendre, l'action jaillit dans le dernier épisode, mais sur le long terme, cette aventure se révèle surtout une descente dans l'intimité des différents protagonistes, écartelés entre leurs vies de famille, leurs aspirations profondes, et les impératifs dictés par des intérêts supérieurs qui sont tout, sauf humanistes. Le personnage d'Errol (Martin Donovan) est à ce titre parfaitement représentatif de ce qu'est le monde des hyper puissants. Pour lui, l'éradication d'une personne ou de cent ne se mesure qu'à l'aune de la baisse ou de la hausse de la bourse, qui s'ensuivra. Un univers de dégénérés qui sont les promoteurs du Nouvel Ordre Mondial dont nous sommes plus que jamais menacés...
Une série qui fait la part belle à l'introspection au détriment des scènes d'action que l'on aurait pu attendre dans ce genre de scénario. Mais sans doute est-ce dans ce choix osé que réside la majeure partie de l'intérêt et de l'émotion que l'on éprouve à suivre cette mission traumatisante. Une deuxième saison est sur le point de sortir en ce mois d'octobre 2024. Nous la suivrons avec enthousiasme.